La transition vers les véhicules électriques se heurte à une nouvelle résistance. L’Assemblée nationale a rejeté l’intégration dans la loi française de la date de 2035 pour l’arrêt de la vente de voitures thermiques neuves.
Voitures thermiques : jusqu’à quand pourra-t-on en acheter en France ?

Un vote serré à l'Assemblée nationale
Le 17 février 2025, les députés français ont voté, à une courte majorité, contre l'inscription de la date de 2035 comme échéance officielle pour interdire la vente des voitures thermiques neuves. Avec 34 voix (en majorité du Rassemblement National) pour et 30 contre (Renaissance, les écologistes, la France insoumise notamment), cette décision remet en question l’objectif fixé par l’Union européenne dans le cadre de son Pacte vert. Le député RN Matthias Renault a mis en avant les préoccupations financières des ménages modestes : « L'achat d'une voiture électrique représente un coût qui est assez inabordable. »
Ce rejet ne signifie pas pour autant l’abandon de l’échéance européenne, mais il reste un frein dans la trajectoire d’électrification du parc automobile français.
L’argument central avancé par les opposants à cette mesure repose sur les difficultés économiques liées à l'achat de véhicules électriques. Aujourd'hui, le prix moyen d’une voiture électrique en France oscille entre 30 000 et 40 000 euros, bien au-dessus des modèles thermiques d'entrée de gamme.
Parallèlement, les députés soulignent les incertitudes concernant la préparation de la filière automobile européenne. La députée de la majorité présidentielle Danielle Brulebois, qui a voté contre son groupe, rappelle que « des discussions sont encore en cours à Bruxelles » et qu'une évaluation est prévue en 2026. Cette clause de révision pourrait ajuster les objectifs en fonction de l’évolution du marché.
Voitures thermiques : une filière automobile sous pression
L'industrie automobile européenne traverse actuellement une période assez délicate. Confrontée à une concurrence chinoise agressive et à un ralentissement des ventes de véhicules électriques, la filière s’inquiète des amendes prévues dès 2025 pour non-respect des normes de réduction des émissions de CO₂. Marc Ferracci, ministre de l’Industrie et de l’Énergie, considère cette inquiétude légitime, évoquant les « gros efforts d’électrification » déjà consentis par les constructeurs.
En Europe, le secteur représente environ 7 % du PIB et 13 millions d’emplois. Pourtant, plusieurs sites industriels, comme l’usine Audi de Bruxelles, annoncent des arrêts de production en raison de coûts trop élevés et de ventes insuffisantes.
La décision de reporter l’inscription de la date de 2035 traduit une tension persistante entre objectifs environnementaux et contraintes économiques. Si la France doit, en théorie, se conformer au calendrier européen, les députés estiment que les conditions ne sont pas encore réunies. Le gouvernement attend, par ailleurs, le plan d’action que la Commission européenne doit présenter en mars 2025 pour accompagner la filière.
Le débat reste donc ouvert : l’échéance de 2035 pourrait être réaffirmée ou repoussée en fonction des conclusions de la clause de révision de 2026.