Une voiture solaire sur la Route 66, l’exploit d’Aptera

La start-up californienne Aptera a annoncé, le 5 avril 2025, avoir réussi un défi que peu d’industriels osent encore envisager sérieusement : faire parcourir à une voiture électrique solaire près de 500 kilomètres sans recourir à la moindre recharge externe. Ce test sur la Route 66, chargé de symboles et d’ambitions écologiques, s’inscrit dans la quête d’une autonomie fondée uniquement sur l’énergie solaire.

Stephanie Haerts
Par Stéphanie Haerts Publié le 7 avril 2025 à 18h00
Une voiture solaire sur la Route 66, l’exploit d’Aptera
Une voiture solaire sur la Route 66, l’exploit d’Aptera - © Economie Matin

480 kilomètres sur la Route 66

En plein désert américain, sous un ciel parfois voilé, la voiture électrique solaire d’Aptera a tenté de démontrer ce que beaucoup considèrent encore comme une utopie. Le prototype, conçu pour la production, a parcouru 480 kilomètres entre Flagstaff (Arizona) et Imperial Valley (Californie), en suivant un itinéraire incluant la célèbre Route 66 et les abords du lac Havasu. La voiture solaire n’a bénéficié d’aucune recharge en cours de route : il a été exclusivement alimenté par ses panneaux photovoltaïques intégrés, capables de générer jusqu’à 545 watts, même par temps couvert.

La prouesse ne réside pas uniquement dans le chiffre brut. Le fondateur Steve Fambro, qui a lui-même conduit le prototype, affirme que « presque toutes les personnes que nous avons croisées sur notre chemin avaient sorti leur téléphone pour nous filmer », peut-on lire sur le site Automobile Propre. Outre l’effet de curiosité dû à son design futuriste à trois roues, c’est la nature même du défi qui fascine. Aptera entend prouver que l’autonomie énergétique peut exister sans dépendre des réseaux de recharge électrique classiques.

Une autonomie encore à démontrer pour cette voiture solaire

Le constructeur affiche des objectifs ambitieux : une autonomie maximale annoncée de 1 600 kilomètres pour ses versions ultimes, et jusqu’à 64 kilomètres par jour produits uniquement grâce au soleil. Mais les chiffres réels déçoivent. Ce test de 480 kilomètres est encore loin de valider les promesses, d’autant que les conditions idéales n’étaient pas réunies. Les obstacles n’ont pas manqué : nids-de-poule, cols montagneux, vents latéraux, et une météo globalement nuageuse.

Malgré cela, le véhicule a tenu bon. Steve Fambro souligne même l’expérience sensorielle unique offerte par le véhicule : « le pare-brise panoramique offre une vue incroyable sur le paysage : c’est comme une grande fenêtre sur l’avenir », peut-on lire sur le site Automobile Propre. Mais en arrière-plan, un constat s’impose : la voiture n’a pas encore franchi le seuil de la maturité industrielle.

Une technologie impressionnante mais fragile

Techniquement, Aptera se démarque par son aérodynamisme extrême. Son coefficient de traînée (Cx) est de seulement 0,13, contre 0,23 pour la Tesla Model 3, ce qui en fait l’un des véhicules les plus efficients du marché. Avec une consommation estimée à 6,25 kWh/100 km, la voiture solaire bat tous les records sur le papier. Le système embarque une batterie de 45 kWh selon certaines rumeurs, et des cellules photovoltaïques de 700 W, couplées à un port de charge NACS, le standard conçu par Tesla.

Mais pour l’instant, ces chiffres relèvent plus du manifeste technologique que d’une performance reproductible en série. La start-up, qui avait fait faillite en 2011 avant d’être relancée en 2020, dépend encore totalement de financements extérieurs. À la fin de 2024, elle cherchait à lever 60 millions de dollars pour lancer la production. L’édition de lancement est annoncée à 40 000 dollars, soit environ 37 000 euros, et une version plus accessible avec 400 kilomètres d’autonomie est également prévue.

« Chaque kilomètre parcouru nous rapproche d’un avenir où les voyages seront alimentés par le soleil »

Aptera n’en est pas à son premier coup d’essai avec sa voiture solaire. En s’associant au designer italien Pininfarina, elle veut se donner une nouvelle image, crédible et désirable. Mais le marché reste prudent. Les investisseurs s’interrogent, les clients attendent.

La firme affirme que « chaque kilomètre parcouru nous rapproche d’un avenir où les voyages seront alimentés par le soleil ». Toutefois, ce projet repose encore sur des bases mouvantes. L’énergie solaire comme unique source d’autonomie pour un véhicule reste technologiquement complexe, surtout dans des environnements variés. La consommation réelle, les performances en milieu urbain ou en hiver, et la fiabilité à long terme n’ont pas encore été documentées.

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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