Voiture électrique : Tesla licencie à cause d’Elon Musk

Adulé par certains, détestés par d’autres… Elon Musk est une personnalité clivante, en particulier depuis qu’il a racheté Twitter, renommé X. Ses prises de position tranchées et plutôt très à droite commencent à lui faire du tort… et à ses entreprises. Tesla en fait les frais… et a en projet de licencier massivement.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 16 avril 2024 à 10h31
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elon musk, tesla, perte, licenciement, milliardaire, voiture électrique - © Economie Matin
35%Tesla a perdu 35% de sa valeur en Bourse depuis le début de l'année 2024.

Tesla souffre du marché concurrentiel de la voiture électrique

Elon Musk en personne l’a dévoilé : le groupe prévoit un licenciement massif de ses équipes. Officiellement, explique Elon Musk, ce plan de suppression est lié à la croissance rapide de Tesla qui a conduit à des « doublons » dans les postes et les activités. Conséquence : il faut économiser des coûts.

Le groupe souffre notamment de la concurrence des voitures chinoises, moins chères que ses modèles et de plus en plus présentes sur tous les marchés. Et alors que Tesla avait en projet une voiture à 25.000 dollars, justement pour concurrencer le prix des voitures électriques chinoises, ce projet semble abandonné.

Des ventes en baisse chez Tesla

La concurrence des chinois, dont BYD, a fait du mal à Tesla qui n’est plus le premier constructeur automobile électrique du monde. En 2023, c’est BYD qui vole la place au groupe américain. Et les ventes continuent de chuter : 386.810 voitures électriques livrées au premier trimestre 2024 contre 457.000 attendus par les analystes. Sur un an, la baisse des livraisons est de 8,5%.

Tesla doit également composer avec la concurrence des constructeurs historiques qui ont tous en projet des modèles électriques. Or, par rapport au nouveau venu dans l’industrie, les constructeurs historiques comme Peugeot, Renault ou Volkswagen bénéficient d’une image positive ou neutre, et d’un réseau de distribution et de réparation conséquent, en particulier en Europe. De quoi rassurer les futurs acheteurs alors que passer du moteur thermique au moteur électrique est encore source de réticences.

Elon Musk va-t-il causer la perte de Tesla ?

Mais c’est potentiellement de la personnalité d’Elon Musk que souffre le plus Tesla. Ce dernier, en lançant la voiture électrique, a été mis en avant par une partie de la population soucieuse du climat… et donc plutôt de gauche. Or, depuis plusieurs années, les prises de position d’Elon Musk ont gâché cette vision.

Soutien de Donald Trump et de Xavier Milei, Elon Musk ne se prive pas de partager des théories complotistes et d’avoir des positions de droite voire d’extrême-droite sur les réseaux sociaux. Il a critiqué, notamment, le soutien du gouvernement allemand aux ONG qui sauvent des migrants de la noyade en méditerranée.

« Don’t go woke and go broke »

Elon Musk est en outre un tenant de la théorie de droite concernant le « wokisme », terme qui définit on ne sait pas trop quoi. Ouvertement anti-trans, y compris contre sa propre fille, Vivian Jenna Wilson. Cette dernière, qui a changé de genre, l’a tout simplement renié ce qui, forcément, n’a pas plu au milliardaire.

Mais à force de vouloir plaire à la droite, et tout particulièrement à la droite américaine, il s’est mis à dos la gauche. Or, la gauche était le public auquel Elon Musk s’adressait en premier lieu avec sa voiture électrique.

La preuve : un sondage en 2023 mené sur des anciens propriétaires de Tesla a dévoilé que la désapprobation d’Elon Musk a été la première raison de revente des Model 3 (le modèle le moins cher) avec 21,5 % des répondants, contre 18,7 % pour les problèmes de qualité et de service.

Mais Elon Musk rejette d’être celui qui fait du mal à Tesla. Interrogé sur la question début 2023 par certains actionnaires qui s’inquiétaient de voir ses prises de position cliver la population et donc les clients, le milliardaire a tout simplement répondu qu’il était très populaire… car il avait 127 millions de followers sur X (ex-Twitter). Il en a, en 2024, 180 millions.

Un paradoxe : alors qu’Elon Musk a toujours clamé que les entreprises qui avaient des positions progressistes allaient finir en faillite, ce que signifie l’expression « Go woke, go broke » très appréciée par la droite américaine, il semblerait qu’il se soit fait avoir par son propre jeu.

14.000 emplois supprimés chez Tesla

Le clivage que représente Elon Musk ne devrait pas s’atténuer alors que se prépare, en 2024, la nouvelle élection présidentielle américaine qui va opposer Joe Biden à Donald Trump. Et Tesla, et ses actionnaires, risquent d’en faire les frais.

La suppression de 10% des effectifs de Tesla, annoncée par Elon Musk et qui représente 14.000 emplois dans le monde, n’a en effet pas été accueillie avec plaisir par la Bourse qui sanctionne Tesla d’une chute de 5%. Et depuis le début de l’année 2024, la valeur de Tesla en Bourse a chuté de 35%, soit d’un tiers.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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