Les ventes de voitures électriques en Allemagne se sont effondrées depuis la suppression du bonus écologique en 2023. Loin de prendre cela comme un signe, le gouvernement allemand persiste et signe pour interdire les voitures thermiques d’ici 2035.
Voiture électrique : chute des ventes, le gouvernement allemand fait l’autruche
Voiture électrique : le marché allemand affiche un recul de 30,6 % en mai
Depuis la fin des aides à l'achat de voitures électriques en Allemagne, les ventes sur son marché ont chuté de 30,6 % en mai 2024 par rapport à mai 2023. Paradoxalement, les ventes de voitures thermiques ont légèrement augmenté : +2,1 % pour les essences, +3,2 % pour les diesels, et +0,3 % pour les hybrides.
Une étude de Chemnitz révèle qu'environ 100 000 voitures électriques s'accumulent dans divers entrepôts en Allemagne, près des usines, des concessions et des ports. « Il s'agit aussi bien de véhicules appartenant à des constructeurs allemands que de voitures importées », précise l'auteur principal de l'étude, Werner Olle. Les deux grands géants de l'électromobilité, Tesla et BYD, sont les plus durement touchés. C'est d'ailleurs ce qui a poussé le constructeur américain à réduire de plus de 10 % ses effectifs mondiaux, à baisser le prix de vente de ces modèles, notamment le Model Y (-3 000 euros en France), et à mettre à l'arrêt pendant 5 jours son usine de Berlin courant juin 2024.
Olaf Scholz persiste et signe
Ce n'est un secret pour personne : entre le manque d'autonomie et de bornes de recharge, les voitures électriques ne se vendent que grâce au soutien financier de l'État sous forme d'aides à l'achat. Il n'est donc pas étonnant que le marché allemand ait connu un recul avec la fin du bonus écologique. Reinhard Zirpel, président de la fédération allemande des constructeurs automobiles internationaux (VDIK), préoccupé par ce recul et ses implications pour les constructeurs automobiles, n'a de cesse d'alerter le gouvernement fédéral sur la nécessité de prendre des mesures pour restaurer la confiance des consommateurs.
Malgré cela, et même si le marché des voitures thermiques connaît un léger rebond, et que la Cour des Comptes européenne elle-même doute que l'objectif d'interdire les moteurs thermiques en 2035 soit atteint, Olaf Scholz continue de défendre vigoureusement la transition vers l'électromobilité. Le chancelier allemand, qui fait face à la montée en puissance de l'AFD - un parti particulièrement critique à l'égard de l'électromobilité et qui a obtenu près de 16 % des voix aux élections européennes - a réaffirmé son engagement envers l'objectif de 15 millions de véhicules électriques sur le marché allemand d'ici à 2030. En comparaison, la France maintient une part de marché de 17,7 % pour la voiture électrique, selon les données du cabinet AAA. Cette stabilité apparente pourrait néanmoins être de courte durée. En plus des problématiques rencontrées par les autres pays, l'État français affiche une dette de plus de 100 millions d'euros issue du leasing social envers les distributeurs. De fait, ces derniers sont de plus en plus tentés de suspendre leurs livraisons jusqu'à ce qu'ils reçoivent leur dû. La voiture électrique n'a décidément pas bonne presse en Europe, mais cela ne semble en aucun cas inciter nos gouvernements à remettre en question leur position.