Voiture d’occasion : une nouvelle taxe va les faire coûter plus cher

Vous pensiez faire une bonne affaire en achetant une voiture d’occasion chez votre garagiste ? Prenez garde. Le projet de loi de finances (PLF) de 2025 prévoit une réforme qui vise à élargir le malus CO2, et de manière rétroactive, dès 2026… On vous explique

Axelle Ker
Par Axelle Ker Publié le 25 mars 2025 à 8h45
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Voiture d'occasion : une nouvelle taxe va les faire coûter plus cher - © Economie Matin
74,5 %Le marché de l'occasion représentait 74,5 % des achats de voitures particulières en 2023.

Ce projet de réforme n'a pas fait grand bruit, et pourtant... Il a été adopté via un amendement lors du passage en force du projet de loi de finances (PLF) de 2025 par le gouvernement – qui a eu recours à l'article 49.3 – le 14 février 2025. Concrètement, cet amendement prévoit de mettre en place deux taxes rétroactives sur une large gamme de voitures d'occasion : le malus écologique – plus connu sous le nom de malus CO2 – et une taxe au poids.

Un malus CO2 et un malus au poids rétroactifs pour les voitures d'occasion

Dès le 1er janvier 2026, toutes les voitures immatriculées après le 1er janvier 2015 seront concernées par ce malus écologique rétroactif.Le principe est simple : si votre véhicule a échappé au malus écologique ou au malus au poids lors de sa première immatriculation, le prochain acquéreur de votre véhicule devra le payer au moment de sa revente. À noter néanmoins que le malus écologique existe depuis 2008, et depuis 2021 pour le malus au poids. Mais avec le PLF de 2025, ces derniers ont vu leur seuil baisser : en 2008, le malus écologique s'appliquait aux voitures d'occasion qui émettaient 160 g/km, puis 130 g/km de CO2 en 2015, tandis que le seuil du malus au poids était de 1 800 kg en 2021.

Les nouveaux seuils applicables au 1er janvier 2026 seront les suivants :

  • Les voitures d'occasion émettant plus de 107 g/km de CO2 seront taxées.
  • La taxe au poids s’appliquera à tous les véhicules qui pèsent 1 499 kg minimum.
  • Un système d’abattement progressif est prévu, diminuant la taxe en fonction de l’âge du véhicule.

La facture pourrait être très salée pour certaines voitures d'occasion. Pour reprendre le calcul de nos confrères de Caradisiac, ce malus CO2 rétroactif - en tenant compte de la grille de 2025 - s'il était appliqué à une Peugeot 208 PureTech 100, pourrait atteindre 727 euros si ce modèle est vendu en 2026 (et qu'il avait échappé au malus lors de sa première immatriculation). Bonne nouvelle néanmoins : les véhicules de plus de 15 ans seront a priori exonérés du malus CO2 et de la taxe au poids rétroactifs.

Une réforme qui inquiète les professionnels du secteur

Les critiques pleuvent déjà sur cette réforme, qui ressemble plus à un matraquage fiscal qu'autre chose et qui est jugée injuste et contreproductive, puisqu'elle risque de rendre les voitures d'occasion – normalement moins chères et la seule alternative pour nombre d'automobilistes qui n'ont pas les moyens d'acheter un véhicule électrique – hors de prix.

Les concessionnaires sont tout aussi inquiets de ce projet de réforme. On comprend pourquoi : comme l'indiquaient les chiffres du ministère de la Transition écologique, le marché de l'occasion représentait pas moins de 74,5 % des achats de voitures particulières en 2023. 

Les abattements prévus

La bonne nouvelle, c’est que la réforme prévoit des abattements dégressifs sur le malus CO₂ afin de « ne pas trop pénaliser » les véhicules les plus anciens. Plus votre voiture est ancienne, plus l’allègement est important, et certains véhicules seront même entièrement exonérés : ceux qui ont plus de 15 ans d'ancienneté.

Ancienneté du véhicule (en mois) Coefficient forfaitaire de décote (en %)
De 1 à 3 3
De 4 à 6 6
De 7 à 9 9
De 10 à 12 12
De 13 à 18 16
De 19 à 24 20
De 25 à 36 28
De 37 à 48 33
De 49 à 60 38
De 61 à 72 43
De 73 à 84 48
De 85 à 96 53
De 97 à 108 58
De 109 à 120 64
De 121 à 132 70
De 133 à 144 76
De 145 à 156 82
De 157 à 168 88
De 169 à 180 94
À partir de 181 10

Gare aux pièges administratifs

La nouvelle réglementation impose une vigilance accrue pour les acheteurs. Ils devront vérifier si leur véhicule avait bénéficié d’une exonération lors de sa première immatriculation. Un détail parfois difficile à vérifier si les documents sont manquants ou si la voiture a changé plusieurs fois de propriétaire.

Pour éviter les mauvaises surprises, il est fortement recommandé de :

  • Demander au vendeur l’historique complet du véhicule.
  • Consulter les documents d’immatriculation antérieurs.
  • Faire appel à des professionnels pour valider les informations.

Une facture qui risque de s'alourdir davantage en 2027

Ce n’est pas tout. Le dispositif risque d'être encore durci en 2027 : un critère kilométrique pourrait en effet voir le jour et pénaliser les véhicules qui parcourent moins de 20 000 km/an. À l'inverse, des abattements seront prévus pour ceux qui dépassent ce seuil.

Une nouvelle sanction viendra s’ajouter au malus CO₂ et à la taxe au poids. Il reste à voir quelle proportion de voitures d'occasion sera concernée par cette réforme.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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