Vincent Bruggeman, un parcours d’éducation musicale exemplaire

Étudiant en chant lyrique, Vincent Bruggeman voit naître sa vocation véritable : accompagner des chanteurs

« Au départ, j’ai intégré le conservatoire de ma ville car je me destinais à devenir chanteur lyrique », raconte Vincent Bruggeman. « Mais la vocation se révèle à travers la formation. Peu à peu, je me suis rendu compte que ce qui me correspondait le plus était d’accompagner des chanteurs, de passer de ‘faiseur’ à ‘jardinier’ d’artistes. » Un choix atypique, non conforme au diplôme, diront certains ? À vrai dire, pas du tout. « Au conservatoire supérieur, nous étions une promotion de quinze chanteurs. Et aujourd’hui, sur les quinze, onze ont pris une direction différente dans leur carrière », confie Vincent Bruggeman.

Le parcours de Vincent Bruggeman est intéressant à plus d’un titre. Notamment parce qu’il a fait l’essentiel de sa formation musicale en Angleterre. Pourquoi avoir choisi le pays de Benjamin Britten et d’Andrew Lloyd Webber ? « Le métier est très international et je dois avouer que je n’étais pas le plus doué en anglais. Et comme le meilleur moyen d’apprendre une langue, c’est d’aller dans le pays… mon départ pour Londres s’est fait tout naturellement. En plus, il y avait une vraie continuité pédagogique puisque le professeur de chant de mon prof au conservatoire de Saint-Maur-des-Fossés à l’époque, Yves Sotin, enseigne à la Guildhall School of Music & Drama. Ça faisait donc sens dans mon parcours. J’ai donc passé une audition pour intégrer la classe de M. David Pollard. »

Au-delà d’une formation musicale, un autre regard sur les autres

Et ce n’est pas uniquement la langue qui change lorsqu’on traverse la Manche : en Angleterre, dans le domaine de la musique, l’approche aux talents est différente. « À l'époque, pour intégrer le Conservatoire supérieur de Paris, la première épreuve était celle du solfège. Si tu la réussissais, alors tu pouvais passer ton audition d'instrument, ou dans mon cas, de chant. Comme j'ai raté l’épreuve de solfège, c’était fini pour moi. En Angleterre, c’est l’inverse : c’est l’épreuve artistique qui vient en premier. J’ai donc passé l’audition. Pour le solfège, on m’a donné l'objectif de rattraper le niveau d'ici la fin de la première année », raconte Vincent Bruggeman, très appréciatif de cette chance qu’on lui a laissée pour pouvoir intégrer la formation et progresser à son rythme.

Mais que ce soit en Angleterre ou en France, de toute manière, un conservatoire est une formation exigeante. « Les profs de chant sont des équivalents de maîtres. Ils répondent tous à certaines écoles techniques », se souvient Vincent Bruggeman. Il en va de même concernant les étudiants également : « Intégrer un conservatoire supérieur, c’est vraiment comme ouvrir la boîte de Pandore pour un musicien. On y rencontre des artistes remarquables ».

Et cela ne s’arrête pas là. De manière assez inattendue, un conservatoire, c’est aussi un lieu où l’on grandit en tant que personne, où le regard sur les gens autour de nous change. Et aussi un lieu qui pousse constamment vers la perfection. « Entrer dans un conservatoire, c'est aussi l'occasion d'apprendre à s’émerveiller des dons et talents de ses collègues. En ce sens, c’est une véritable école de vie. Et puis, c’est un levier puissant pour se perfectionner : quand on est entouré de personnes talentueuses, on se demande toujours : ‘comment je me situe par rapport à eux ?’ », raconte Vincent Bruggeman. C’est ce regard respectueux sur les autres et cet état d’esprit d’éternel perfectionnement que Vincent Bruggeman s’est efforcé de mettre en œuvre pendant ses six ans à la tête des Petits Chanteurs à la croix de bois.