Faute d’argent, la moitié des Français mange moins de viande

L’heure est-elle venue pour les Français de revoir leur assiette ? Entre préoccupations écologiques, hausse des prix et nouvelles habitudes alimentaires, la viande semble perdre du terrain dans le quotidien des consommateurs. Pourtant, si certains adoptent une alimentation plus végétale, d’autres restent attachés à ce symbole de la gastronomie française.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 18 mars 2025 à 11h20
Viande Boeuf Prix
@shutter - © Economie Matin
73%78 % des Français déclarent privilégier les légumineuses

Depuis plusieurs années, la consommation de viande en France évolue sous l’effet conjugué des considérations économiques, environnementales et sanitaires. Selon la troisième édition du baromètre de la consommation de viande réalisé par Harris Interactive et le Réseau Action Climat, publiée le 18 mars 2025, plus de la moitié des Français (53%) déclarent avoir réduit leur consommation sur les trois dernières années​.

Un recul significatif de la consommation de viande en France

Les raisons d’un changement de régime

Si la consommation de viande reste ancrée dans les habitudes françaises, une baisse progressive est observée depuis plusieurs années. D’après l’enquête menée du 2 au 5 février 2025 auprès de 1 102 Français, les motivations de cette réduction sont multiples​ :

Motivation Proportion des Français concernés
Raison économique 52 %
Santé 38 %
Environnement 35 %
Bien-être animal 33 %

L’aspect financier reste donc un élément clé, bien que son poids diminue légèrement par rapport à 2023, année marquée par une forte inflation. La santé et l’écologie, quant à elles, prennent progressivement plus d’importance.

Qui sont ceux qui consomment encore de la viande ?

Malgré ces évolutions, 30 % des Français déclarent consommer de la viande quotidiennement, un chiffre en hausse par rapport à 2023, qui retrouve un niveau similaire à celui observé en 2021​. Les plus gros consommateurs ? Les jeunes et les parents, qui privilégient la viande pour son apport en protéines.

Pour autant, le regard porté sur la viande reste ambivalent : elle est à la fois associée à une alimentation de qualité, mais également critiquée pour son impact environnemental et le bien-être animal.

Les alternatives végétales en pleine ascension

Légumineuses et céréales : les nouvelles stars des assiettes

La baisse de consommation de viande s’accompagne d’un engouement croissant pour d’autres sources de protéines. 78 % des Français déclarent privilégier les légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots) tandis que 73 % se tournent vers les céréales et les graines​.

Alternative végétale Proportion des Français séduits
Légumes secs et légumineuses 78 %
Céréales et graines 73 %
Produits peu transformés 60 %
Algues 38 %
Produits ultra-transformés 34 %
Insectes 22 %

Une perception positive des légumineuses

Les légumineuses ont su conquérir le cœur des Français, qu’ils soient ou non engagés dans une diminution de leur consommation de viande. Elles sont plébiscitées pour leur richesse en fibres et nutriments (88 %), leur coût plus attractif par rapport à la viande (86 %), et leur facilité de préparation (86 %)​. Mieux encore, elles bénéficient d’une image valorisante, incarnant le terroir français et une alimentation saine et durable.

Les Français réclament une politique plus ambitieuse

Si l’État a lancé plusieurs consultations autour d’une Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (SNANC), les Français restent sceptiques quant à son action. 53 % estiment que les pouvoirs publics agissent de manière insuffisante, tandis que 29 % considèrent qu’ils n’agissent pas du tout​.

Les critiques portent notamment sur le manque d’informations sur l’origine des viandes :

  • 68 % des Français jugent que l’État n’agit pas assez pour informer sur la provenance de la viande dans les plats préparés.
  • 65 % considèrent qu’il en va de même pour la viande servie au restaurant.
  • 59 % estiment que les pouvoirs publics ne font pas assez pour encourager la réduction de la consommation de viande​.

La grande distribution n’échappe pas aux reproches. 82 % des Français jugent que les grandes surfaces ne font pas assez pour une alimentation plus responsable. Parmi leurs attentes :

  • 90 % des Français réclament un étiquetage environnemental clair sur les emballages alimentaires.
  • 83 % souhaitent la fin de la commercialisation de viandes issues d’élevages intensifs.
  • 89 % veulent que les supermarchés limitent leurs marges sur les produits sains et durables​.

Les tendances observées en 2025 confirment une évolution majeure des comportements alimentaires en France. Moins de viande, plus de protéines végétales, une volonté affirmée de privilégier la qualité à la quantité, et une exigence accrue envers l’État et la grande distribution.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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