Au sein des dorures et des jardins sculptés de Versailles, un tableau moins royal se dessine avec des révélations de la Cour des comptes. Le domaine, symbole de grandeur française, est aujourd’hui éclaboussé par une polémique de gouvernance : Catherine Pégard, sa présidente, semble s’accrocher à son poste en dépit des limites statutaires, tandis qu’un conservateur s’est illustré par des visites privées lucratives mais controversées.
Insolite : À Versailles, le conservateur organisait des visites privées…payées en liquide
Pégard est toujours en poste malgré les textes législatifs
La Cour des comptes épingle une anomalie de gouvernance au sein du domaine de Versailles. Catherine Pégard, présidente depuis une décennie, aurait dû céder sa place conformément aux règlements qui prévoient un maximum de trois mandats. Elle a été nommée par décret en 2011. Or, elle persiste en intérim depuis l'expiration de son dernier terme en octobre 2022, une situation que les magistrats financiers qualifient d'« inédite ». Les textes législatifs sont clairs, mais Pégard demeure en poste, franchissant la barrière d'âge fixée à 67 ans et dépassant la durée de service prévue.
Les magistrats de la Cour des comptes sont sans équivoque dans leur rapport, évoquant un possible « détournement de pouvoir » par le maintien de Pégard. Cette position est renforcée par l'absence de nomination d'un successeur, qui pourrait être interprétée comme une extension indue de son mandat. Le ministère de la Culture, cependant, soutient que le cumul des mandats de la présidente ne dépasse pas le maximum autorisé, une affirmation que la Cour trouve difficilement défendable. Ce désaccord expose le domaine de Versailles à un risque juridique non négligeable : les décisions de Pégard pourraient être contestées, notamment celles concernant les finances et les engagements de dépense.
Un conservateur du château réprimandé pour avoir organisé des visites privées payantes
La gestion financière de Versailles sous la direction de Pégard fait l'objet d'un examen critique de la Cour des comptes. Le rapport soulève l'absence d'un bilan d'utilisation des aides publiques allouées pendant la crise du Covid-19, notamment un prêt de 3 millions d'euros et diverses subventions totalisant 13,15 millions d'euros. Ces révélations montrent des défaillances dans la transparence et la reddition de comptes, et pourraient engager le château à rembourser des fonds si leur utilisation s'avérait inadéquate. Ce climat d'incertitude a été illustré par l'affaire d'un conservateur du château, réprimandé pour avoir organisé des visites privées payantes. Bien que sanctionné et contraint au départ, le tribunal administratif a annulé son éviction, non pas sur la base de l'illégitimité de la présidence de Pégard, mais en jugeant la peine excessive, laissant entrevoir les vulnérabilités juridiques dans la gouvernance actuelle du domaine.
Malgré cela, le ministère de la Culture loue la gestion de Pégard, mettant en avant les succès et l'évolution positive du domaine depuis son accession à la présidence. En réponse, Catherine Pégard admet certaines imperfections, mais insiste sur les avancées significatives réalisées pendant son mandat, notamment en termes de valorisation du patrimoine et de renforcement du rôle politique et diplomatique du château.