En janvier, un défi alimentaire original bouscule les habitudes de consommation : le Veganuary. Ce mouvement, venu tout droit du Royaume-Uni, propose de se passer de tout produit d’origine animale pendant un mois, attire de plus en plus d’adeptes en France, autant qu’il inquiète, des consommateurs aux professionnels de l’élevage.
Veganuary : le défi anglais qui menace de plus en plus l’élevage en France
Imaginez un rayon de supermarché où des alternatives végétales remplacent viande, œufs et produits laitiers, le tout mis en avant par des promotions et des animations. Ce scénario, encore marginal il y a quelques années, devient réalité en janvier avec le Veganuary. Mais pourquoi un tel engouement et quels en sont les impacts ?
Veganuary : une mobilisation croissante des entreprises et des consommateurs
En seulement quatre ans, le nombre d’entreprises françaises engagées dans le Veganuary est passé de 30 à 230. Grandes surfaces comme Carrefour ou Monoprix, startups alimentaires et chaînes de restauration se mobilisent.
Carine Kraus, directrice de l'engagement chez Carrefour, souligne à Franceinfo « Il y a désormais 45% des ménages en France qui comptent au moins une personne flexitarienne, c'est deux fois plus qu'il y a quelques années. » En réponse, les enseignes multiplient les initiatives : promotions, animations, et produits spécifiques. Carrefour vise par exemple un chiffre d’affaires de 650 millions d’euros sur les produits végétaux d'ici à 2026, contre 350 millions en 2022, donc presque le double.
Trois axes principaux motivent les participants au veganuary :
- Santé : Réduire les produits d’origine animale améliore la digestion, limite les maladies chroniques et encourage une créativité culinaire.
- Environnement : Selon les experts, l’élevage représente une des principales sources d’émissions de CO2. Adopter une alimentation végétale contribue à réduire son empreinte carbone.
- Éthique : Pour les défenseurs du véganisme, comme L214, cesser l’exploitation animale est un pas vers une coexistence respectueuse avec les autres espèces.
Une initiative qui menace l'élevage en France ?
Malgré les avancées, le Veganuary se heurte à des obstacles. Le coût des produits végétaux reste souvent élevé, freinant leur adoption par un public plus large. Comme le remarque Thomas auprès de Franceinfo, les alternatives à la viande ou au beurre sont « nettement plus chères ». « Cette fois, le menu proposé est "une tatin de chou rouge avec une pâte brisée végétale, en remplaçant le beurre par de l'huile ». Cette barrière économique pourrait ralentir l'essor de l’initiative en France, où les ménages sont de plus en plus attentifs à leur budget alimentaire.
Néanmoins, des efforts sont déployés pour rendre ces produits plus accessibles. L214, en partenariat avec des enseignes, propose des recettes simples, adaptées aux débutants, et multiplie les actions de sensibilisation. En parallèle, des startups comme La Vie investissent massivement dans la production et la communication. Cette jeune entreprise française, déjà implantée au Royaume-Uni, prévoit une croissance de 30 à 40 % de son chiffre d’affaires rien qu'en janvier 2025, boostée par le Veganuary.
Lancé en 2014 au Royaume-Uni, le Veganuary bénéficie d’un engouement médiatique et commercial croissant, mais son avenir en France reste incertain. Bien que chaque année, des milliers de participants et des centaines d’entreprises s’y engagent, cette initiative alimente les inquiétudes des professionnels de l’élevage.