Le débat sur l’effet passerelle entre les « puffs » et le tabac n’est pas prêt à se calmer. Pourtant, rien ne permet d’affirmer que l’expérimentation de « puffs », ces cigarettes électroniques jetables, par les jeunes les pousse vers le tabagisme.
L’effet passerelle entre la vape et le tabac, est-ce un mythe?
L’INSERM le confirme : l’effet passerelle n’existe pas
Début mai 2023, le ministre de la Santé, François Braun, a exprimé son soutien à l'interdiction des puffs, évoquant le risque d'inciter les jeunes à fumer. Le ministre va travailler avec les parlementaires et les associations sur le sujet. Avec ce soutien, les députés espèrent parvenir à une interdiction d'ici fin 2023. Plusieurs pays européens, comme l'Allemagne, la Belgique et l'Irlande, ont déjà entamé des mouvements similaires. Les législateurs espèrent que la proposition sera discutée lors d'une session en octobre ou novembre 2023.
Le débat n’est pas resté circonscrit à l’Assemblée nationale : en ligne, la bataille des « pros » et « antis » a été lancée sur le site www.vapoter.fr, puis reprise par de nombreux médias. Vous pouvez par exemple lire le débat sur la puff en question sur trucdemec.fr. Il s'agit d'une théorie selon laquelle les « puffs » seraient une porte d’entrée vers le tabagisme, notamment chez les jeunes. Pourtant, plusieurs études ont prouvé le contraire. Malgré cela, cette théorie reste un des arguments favoris des anti-vape.
Les « puffs » (ces e-cigarettes jetables qui s'achètent entre huit et douze euros et proposent des saveurs variées) exercent une influence différente de celle que certains voudraient nous faire croire. Contrairement à l'idée répandue, acheter une puff ne pousse pas les jeunes à consommer du tabac. Les détracteurs de la vape n’y voient pas un moyen de détourner les fumeurs de la cigarette traditionnelle et de ses saveurs de tabac. Ils voient plutôt dans les « puffs » un appât pour les jeunes, qui ne constituerait qu'une première étape vers la cigarette traditionnelle. Or, des études ont démontré que cet effet passerelle n’existe pas.
En France, l'INSERM a mené une étude auprès de 44.000 jeunes de 17 à 18 ans, qui confirme l’absence d’effet passerelle de la vape (et donc des « puffs ») au tabac. Selon cette étude, 43% des Français âgés de 17 à 18 ans qui ont expérimenté le vapotage n’ont jamais fumé ni même expérimenté la cigarette.
Le vapotage fait même diminuer le risque de devenir fumeur quotidien
En réalité, l'expérimentation de la cigarette électronique en premier a été associée à une réduction du risque de tabagisme quotidien à l’âge de 17-18,5 ans. De plus, l'analyse montre une réduction de 42% du risque d’être fumeur quotidien à 18 ans pour ceux qui ont essayé le vapotage avant d’avoir jamais fumé par rapport à ceux qui ont expérimenté en premier la cigarette.
Sur les 44.000 jeunes interrogés, 18.495 ont essayé la cigarette en premier. Et parmi eux, 46,3% sont fumeurs quotidiens au moment de l’enquête. Parallèlement 5.616 ont essayé le vapotage en premier, parmi eux 18,7% sont devenus fumeurs quotidiens. 38,4% ont expérimenté la cigarette, et 42,9% n’ont jamais fumé ensuite. Loin de l’effet passerelle, le vapotage est associé à une diminution du risque de devenir fumeur quotidien.
Les « puffs » détournent les jeunes du tabagisme
Une grande partie des adolescents qui avaient fait leurs premières expériences avec la cigarette électronique ne sont donc jamais devenus des expérimentateurs de tabac. Selon les auteurs de l’étude, le risque d’un tabagisme quotidien diminue avec le recul de l’âge d’expérimentation de la vape en premier.
En somme, bien loin de constituer un effet passerelle vers le tabac, la vape (et donc les « puffs ») ont au moins le mérite de détourner les jeunes du tabagisme. Il est donc important de considérer les faits et les études scientifiques dans ce débat, plutôt que de se fier à des idées préconçues. Le véritable danger réside dans le tabagisme. Et si la vape peut aider à détourner les jeunes de cette habitude néfaste, alors elle mérite d'être considérée comme une alternative potentielle, et non comme un tremplin vers le tabagisme.