La France voit une nouvelle vague de fermetures d’usines, marquant un coup d’arrêt brutal à la réindustrialisation amorcée depuis quelques années. Les chiffres dévoilés par le cabinet Trendeo révèlent une tendance inquiétante pour l’avenir de l’industrie française.
Fermetures d’usines : la désindustrialisation de la France s’accélère
Fermetures d'usines : un retournement inquiétant pour l’industrie française
Le constat est sans appel : la France perd plus d’usines qu’elle n’en ouvre, selon le dernier pointage du 22 septembre 2024 du cabinet Trendeo. Sur les derniers mois, les fermetures de sites industriels ont dépassé les nouvelles ouvertures. Entre avril et août 2024, 47 usines ont fermé contre seulement 37 nouvelles ouvertures. Ce retournement de situation inquiète sur la pérennité des efforts de réindustrialisation, pourtant soutenus par le gouvernement. Nouveau ministre de l’Économie, Antoine Armand a déclaré au Journal du Dimanche : « Je me battrai pour que nos politiques d'investissement d'avenir, de soutien aux usines qui se créent, soient poursuivies et amplifiées ». Au total, Trendeo a recensé 61 annonces de fermetures d’usines ou d’ateliers de plus de 10 salariés entre janvier et juin 2024, une hausse de 9 % tandis que le cabinet a comptabilisé 79 annonces d’ouvertures de sites industriels nouveaux, un recul de 4 %.
L'impact sur l'emploi industriel est tout aussi préoccupant. Malgré la création nette de près de 10 950 emplois au premier semestre 2024, ce chiffre représente une chute de 44 % par rapport à 2023 ! Les fermetures d'usines, comme celles de Bosch en Haute-Savoie ou de Mischler en Haute-Saône, ont entraîné des centaines de suppressions de postes. L'industrie automobile souffre particulièrement avec le passage progressif vers l'électrique en perdant 469 emplois au premier semestre 2024. Pour David Cousquer, expert chez Trendeo, « L'avenir est peu lisible. La situation peut se redresser, mais ce n'est pas gagné ».
La fin du plan France Relance n'aide pas
Le coût de l’énergie en Europe est un frein majeur pour les industriels. La fin des mesures exceptionnelles du plan France Relance, mis en place après la pandémie et doté de 100 milliards d'euros, dont un tiers pour la réindustrialisation, a également contribué à ce ralentissement. Malgré ce tableau morose, tout n'est pas perdu pour l'industrie française.
Quelques secteurs tirent encore leur épingle du jeu, notamment grâce à des projets dans le domaine de l'énergie et du recyclage. La Cour des Comptes a d’ailleurs jugé le 20 septembre 2024 « décevant » le système de détection et de traitement des PME de moins de 250 salariés en difficulté, alors que ces entreprises représentent « l’essentiel du tissu productif français ».