États-Unis : la fermeture de l’USAID par Trump met en péril l’aide humanitaire mondiale

USAID : un gel brutal par Trump aux conséquences mondiales

Dès son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a signé un décret gelant l’aide étrangère des États-Unis pour 90 jours, le temps de réexaminer. Cette annonce s’est rapidement traduite par la fermeture effective de l’USAID par Donald Trump. L'agence a annoncé le 23 février 2025 le licenciement de 1 600 employés et le placement en congé administratif de milliers d’autres (4 200 personnes selon CBS). Seuls quelques agents « essentiels » restent en poste, laissant présager un quasi-démantèlement de l’agence.
Les répercussions sont immédiates et dramatiques. En Ukraine, l’USAID finançait des programmes d’aide humanitaire, économique et militaire pour un montant de 38 milliards de dollars. Sans ces fonds, Kiev doit désormais affronter seule une guerre qui dure depuis maintenant trois ans. La cybersécurité du pays, renforcée grâce à des fonds américains, est également menacée.
Mais l’Ukraine n’est pas la seule concernée. Pour des nations comme le Soudan du Sud, la Somalie ou l’Afghanistan, la suppression de l’aide américaine pourrait entraîner une baisse de 3 % de leur revenu national brut (RNB). Dans certains pays, l’aide américaine représentait jusqu’à 40 % des financements humanitaires reçus, comme la Somalie.

L’arrêt brutal du financement de l’USAID met pareillement un coup d’arrêt à de nombreux programmes de santé publique, dans près de 120 pays. En Afrique, des essais cliniques prometteurs sur de nouveaux vaccins contre le sida, soutenus par le Brilliant Consortium, sont interrompus. Au Kenya, les patients séropositifs ne recevront plus leurs traitements d’antirétroviraux, une catastrophe sanitaire pour des milliers de malades.
L’USAID avait pourtant permis de sauver 1,3 million de personnes du sida en vingt ans via le programme Pepfar, lancé en 2003 sous l’administration de George Bush. À cela s’ajoutent des recherches médicales abandonnées en Asie, en Afrique et en Amérique latine sur des maladies comme le choléra, la tuberculose et le cancer du col de l’utérus.
Même les programmes expérimentaux en Europe sont touchés : en Angleterre, des patients participant à des essais contre le paludisme ne seront plus suivis, faute de financements.
Des recherches sur le choléra, la tuberculose et le cancer du col de l’utérus en Asie, en Afrique et en Amérique latine sont également interrompues.

Une onde de choc jusque sur le sol américain

Cette fermeture de l’USAID, fondée en 1961, n’affecte pas seulement les pays bénéficiaires de l’aide humanitaire. Aux États-Unis, des entreprises spécialisées dans la production alimentaire humanitaire, comme Mana Nutrition en Géorgie, voient leurs activités s’effondrer. Près de 98 % de la production de cette usine était destinée aux programmes de l’USAID.
Sur le plan de l’emploi, les conséquences sont par ailleurs dramatiques. L’agence employait environ 10 000 personnes avant le retour de Donald Trump au pouvoir. Désormais, seuls 300 employés devraient rester en poste, créant une vague de licenciements massive. Ce démantèlement s’inscrit dans une volonté plus large de réduction du rôle de l’État fédéral, impulsée par Elon Musk, à présent à la tête du département de l’Efficacité gouvernementale.

Reste à savoir si cette politique de repli sur soi sera durable. Si l’administration Trump persiste dans sa volonté de démanteler les agences d’aide, les conséquences humanitaires pourraient s’aggraver, mettant en péril des millions de vies à travers le monde.