Le 9 avril 2025, Universal Studios a annoncé la création de son tout premier parc à thème européen, à Bedford, au nord de Londres. Cette décision marque un tournant stratégique pour le groupe américain qui, jusqu’alors, avait soigneusement contourné le Vieux Continent. Le projet, dont l’ouverture est prévue en 2031, s’inscrit dans une dynamique d’expansion ambitieuse de la branche Universal Destinations & Experiences du groupe Comcast.
Universal défie Disney : un méga parc de loisirs prévu près de Londres

Un parc Universal à Londres : un chantier colossal pour un empire du divertissement
Universal ne vient pas jouer les figurants. L’annonce est aussi fracassante qu’ambitieuse : un parc à thème, un complexe hôtelier de 500 chambres, une zone dédiée à la restauration, au commerce et au spectacle, le tout implanté sur un terrain de 476 acres, soit près de 200 hectares, racheté en 2023 dans le Bedfordshire.
L’objectif est clair : hisser Bedford au rang de plaque tournante européenne du divertissement. Selon Mike Cavanagh, président de Comcast Corporation, « c’est un moment historique pour notre entreprise (...), parfaitement complémentaire aux industries britanniques du divertissement et du tourisme », relate la NBC.
Les chiffres donnent le vertige :
- 20 000 emplois créés pendant la construction.
- 8 000 emplois supplémentaires dans les secteurs de l’hôtellerie et des loisirs une fois le parc ouvert.
- 8,5 millions de visiteurs attendus dès la première année, un seuil européen dépassé uniquement par Disneyland Paris à ce jour.
Mark Woodbury, PDG de Universal Destinations & Experiences, ne cache pas ses ambitions : « S’implanter en Europe représente une opportunité stratégique majeure pour toucher de nouveaux publics ».
Bedford, futur épicentre du tourisme de loisirs en Europe ?
Situé à seulement 35 minutes de Londres en train, le site de Bedford profite d’une position géographique enviable. Plus de 80 % de la population anglaise et près de la moitié des Britanniques résident à moins de deux heures de trajet. Le gouvernement britannique, par la voix du Premier ministre Keir Starmer, se réjouit de cette implantation, y voyant un levier de croissance : « L'investissement de plusieurs milliards de livres fera de Bedford le foyer de l'un des plus grands parcs de divertissement d'Europe ».
Le feu vert au projet s’inscrit dans une politique volontariste menée par l’exécutif britannique pour attirer les investissements étrangers. L’extension de l’aéroport de Luton, à seulement 32 kilomètres du futur parc, vient renforcer la connectivité de la région.
Quant au calendrier, le dépôt du plan d’urbanisme est prévu dans les mois à venir. La mise en chantier devrait débuter en 2026, pour une ouverture officielle en 2031.
Disneyland Paris visé ? Une concurrence frontale assumée
L’éléphant dans la pièce s’appelle évidemment Disneyland Paris. Avec ses 10,4 millions de visiteurs annuels, le complexe de Marne-la-Vallée règne sans partage sur le marché européen du divertissement depuis son ouverture en 1992. Mais cette domination pourrait vaciller.
Universal ne cache pas son intention de s’attaquer au bastion français avec ses armes les plus redoutables :
- Des licences cultes : Harry Potter, Jurassic Park, Fast & Furious...
- Des attractions immersives dignes de ses complexes de Floride, de Singapour ou du Japon.
- Une maîtrise redoutable de la mise en scène et de l’animation digitale.
Disney, habitué à régner en solo, devra composer avec un rival de taille, prêt à disrupter un écosystème longtemps figé. Et surtout, avec un atout que Paris ne possède pas : l’élan politique et financier d’un État tout entier prêt à dérouler le tapis rouge.
Une nouvelle ère des loisirs s’ouvre au Royaume-Uni
D’autres projets comme le renouveau de la scène théâtrale londonienne ou l’aménagement de pôles touristiques sur la côte sud viennent illustrer cette dynamique. Pour Universal, c’est aussi l’occasion de capitaliser sur le Brexit, en faisant du Royaume-Uni une plateforme d’appel autonome vers les publics européens et mondiaux, sans passer par les hubs continentaux.
L’annonce de ce parc à thème signe l’entrée d’Universal sur un marché où Disney était jusqu’ici sans rival sérieux. Mais à la différence d’une simple opération commerciale, il s’agit ici d’un affrontement stratégique, culturel et économique d’ampleur continentale. 2031, ce n’est pas si loin. Et nul doute que d’ici là, la guerre des loisirs européens connaîtra d’autres épisodes.