À la lumière d’une nouvelle enquête menée par Robert Walters, le paysage salarial des cadres en France semble plus compliqué que prévu en 2024. Alors que les attentes étaient modérées, la réalité des augmentations de salaire a déçu bon nombre d’entre eux. Ce constat soulève des questions sur la santé du marché de l’emploi et sur les attentes des professionnels face à une inflation persistante.
Une situation salariale tendue pour les cadres en 2024
Déception face aux augmentations
Selon l'étude de Robert Walters, seulement 45 % des cadres ont bénéficié d'une augmentation de salaire début 2024. En comparaison, le taux d'augmentation était de 68 % l'année précédente. « Lors de la publication de notre étude de rémunération, nous annoncions un retour progressif à la normale sur le marché de l'emploi », souligne Coralie Rachet, Managing Director du cabinet. Malgré une tendance à la normalisation, les résultats suggèrent une déception croissante parmi les cadres, notamment lorsque 45 % d’entre eux jugent leur augmentation inférieure à leurs attentes.
La plupart des augmentations perçues par les cadres se sont révélées modestes : 78 % ont reçu une hausse de moins de 5 %, tandis que seulement 13 % ont observé une augmentation de 6 à 10 %. Avec une inflation qui continue d’atteindre des sommets, cela a contribué à un climat d’insatisfaction palpable au sein des entreprises.
Des secteurs en mieux, mais pour qui ?
L'enquête révèle également des disparités notables selon les secteurs. Les Ressources Humaines se distinguent comme les grands gagnants avec 73 % de cadres augmentés. Les domaines de l'ingénierie (62 %) et des achats & supply chain (57 %) suivent de près. Ce phénomène pourrait être le reflet d'un changement organisationnel dans les entreprises, qui cherchent à valoriser des fonctions jugées stratégiques. « Les entreprises semblent avoir pris conscience du rôle stratégique de la fonction RH en faisant des efforts pour la valoriser », note Coralie Rachet.
Cette dynamique pourrait transformer la structure salariale dans certains secteurs, mais elle éveille également des inquiétudes chez les professionnels qui ne bénéficient pas de telles augmentations. La question se pose : les entreprises sont-elles en train de privilégier certains secteurs au détriment d'une reconnaissance généralisée ?
Les risques d’une fuite des talents
L'insatisfaction croissante face aux augmentations pourrait avoir des conséquences graves. Parmi les cadres qui ont perçu une hausse de salaire en dessous de leurs attentes, 68 % envisagent déjà de quitter leur poste. De plus, les professionnels n’ayant pas reçu d'augmentation se montrent particulièrement préoccupés, avec 50 % d'entre eux envisageant un changement d'emploi dans les six mois à venir. « Dans un contexte de tensions sur le marché de l'emploi, les entreprises doivent réfléchir à de nouvelles pratiques pour retenir les talents », prévient Coralie Rachet.
Les entretiens de mi-année pourraient devenir des moments cruciaux pour les professionnels souhaitant négocier des améliorations salariales ou des bénéfices. Les entreprises seraient avisées de ne pas sous-estimer les implications d'un climat insatisfait, notamment dans une période où le marché du travail est particulièrement compétitif.