Après son rachat de Twitter, survenu après bien des conflits, Elon Musk a commencé à faire ses changements. L’un, majeur, a été annoncé le 1er novembre 2022 : la possibilité de certifier facilement son compte avec la célèbre « pastille bleue ». Comment ? En payant, bien évidemment.
Twitter : la parole des riches vaudra plus que celle des pauvres
Or, c’est d’ores-et-déjà une rupture avec la promesse première faite par le milliardaire sud-africain lorsqu’il a annoncé vouloir racheter le réseau social. Il se présentait comme un défenseur de la liberté d’expression et de l’égalité… Mais son annonce va totalement dans le sens opposé.
8 dollars par mois pour avoir la pastille bleue sur Twitter
Après avoir évoqué un prix de 20 dollars par mois, vivement décrié par Stephen King qui a annoncé qu’il refuserait de payer, Elon Musk a négocié. Pour avoir la pastille bleue, jusque-là symbole de compte certifié et donc plus crédible (bien que cela n’empêche en rien la propagation de la désinformation), il faudra débourser 8 dollars par mois. Et rien de plus : simplement payer.
Ainsi faisant, annonce Musk, les utilisateurs payants auront la pastille bleue, une priorité dans les commentaires, un peu moins de pub (mais pas zéro) et la possibilité de poster des vidéos et audios plus longs. « Le pouvoir au peuple », a déclaré le désormais propriétaire de Twitter.
Sauf que, dans les faits, ce ne sera pas le peuple qui aura le pouvoir : payer la coquette somme de 96 dollars par an, sans garantie par ailleurs que le prix n’augmentera pas par la suite, n’est pas à la portée de tout le monde.
Seuls les riches pourront avoir une pastille bleue
96 dollars par an, c’est environ le prix d’un abonnement en streaming, voire un peu moins. Mais cette nouvelle dépense risque de tomber mal : l’inflation est au plus haut, et la récession plane sur l’ensemble des pays industrialisés. Les ménages les plus fragiles ont d’ailleurs déjà commencé à faire des économies et baisser les dépenses, pour certains même sur l’alimentation.
Dans ces conditions économiques difficiles, il est impensable pour eux, qui représentent pourtant ledit « peuple », d’ajouter une dépense aussi futile qu’une pastille bleue sur un réseau social. Or, si on en croit Elon Musk, les utilisateurs qui ne paieront pas seront moins visibles dans les commentaires du réseau social.
Les plus riches, au contraire, verront leur parole être plus puissante, plus visible. Avec les risques de désinformation que cela entraîne.
La pastille bleue de Twitter ne vaudra plus rien
Si Elon Musk mène son projet à terme, c’est simple : la pastille bleue ne vaudra plus rien. Barack Obama, Emmanuel Macron et autres élus et institutions seront au même niveau que n’importe qui. La pastille bleue ne sera plus synonyme de compte de confiance, ce qui laissera la porte ouverte à toutes les dérives.
Jean-Michel LaTerreEstPlate sera certifié, tout comme Karen Antivax, Bernard Homophobe et Jean-François NeoNazi. Il leur suffira de payer 8 dollars par mois pour que leur parole, pourtant fausse et potentiellement très dangereuse, se retrouve au même niveau que celle d’ONG, associations et États.
Sans les pauvres, le système ne fonctionne pas…
Et, paradoxalement, les pauvres qui ne pourront pas payer la pastille bleue de Twitter son justement ce qui fait l’intérêt de payer. Car, dans l’absolu, c’est simple : s’il n’y a pas des personnes qui ne payent pas, par choix ou parce qu’elles ne peuvent pas se le permettre, alors payer ne sert à rien. Si tout le monde payait l’abonnement pour avoir la pastille bleue, alors tout le monde serait au même niveau, et donc personne n’aurait plus de pouvoir de parole qu’un autre.
De fait, si personne ne paye ou si tout le monde paye, la situation est la même. C’est donc bien parce que des personnes ne peuvent pas payer que le principe de payer a son intérêt. Le système met donc bien en avant les riches face au pauvres.
Et pour la « liberté d’expression », on repassera… ou on change de réseau social comme de nombreuses personnalités ont fait ou prévoient de le faire.