Donald Trump frappe encore. Le 15 février 2025, le président des États-Unis a annoncé vouloir considérer la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) appliquée en Europe comme une barrière tarifaire injuste. Conséquence : de nouvelles taxes pourraient frapper les importations européennes.
TVA : pour Donald Trump c’est un droit de douane (et ça change tout)

La menace se précise. Le samedi 15 février 2025, Donald Trump a annoncé sur Truth Social que la TVA, un impôt indirect appliqué en Europe, serait désormais perçue comme un droit de douane déguisé. Il en découle une mesure choc : les États-Unis prévoient d’instaurer de nouvelles taxes douanières sur les produits en provenance de pays utilisant ce système fiscal. L’Union européenne, où la TVA atteint en moyenne 20 %, est la première visée.
Trump says the US will consider VAT to be similar to tariffs.
(VAT is a comprehensive, indirect consumption tax imposed by more than 170 countries on sales or exchanges and imports. In some countries it’s referred to as the “goods and services tax” — GST.) pic.twitter.com/JGFBD4Fd4j
— annmarie hordern (@annmarie) February 13, 2025
Une confusion volontaire entre TVA et tarifs douaniers
La TVA, instaurée en 1954 en France avant d’être adoptée dans la plupart des pays industrialisés, est une taxe sur la consommation prélevée à chaque étape de la production et de la distribution. Contrairement aux droits de douane, qui frappent spécifiquement les importations, la TVA s’applique de manière uniforme sur tous les biens et services vendus dans un pays, indépendamment de leur provenance.
Aux États-Unis, la TVA n’existe pas. Le pays fonctionne avec une sales tax, prélevée uniquement sur la vente au détail et fixée au niveau des États. Son taux moyen avoisine 6 %, bien en deçà des 20 % en vigueur en Europe. Donald Trump affirme que cette différence crée une distorsion de concurrence au détriment des entreprises américaines, qui doivent exporter leurs produits vers des marchés où la fiscalité sur la consommation est plus élevée.
Comparaison des systèmes fiscaux sur la consommation
Critère | États-Unis (Sales Tax) | Union européenne (TVA) |
---|---|---|
Taux moyen | 6 % | 20 % (en France) |
Mode de prélèvement | Seulement à la vente finale | À chaque étape de production |
Impact sur les exportations | N’a pas d’impact direct | Remboursée aux exportateurs |
Or, cette logique oublie une réalité essentielle : les exportateurs européens bénéficient d’un remboursement de la TVA sur les produits qu’ils vendent à l’étranger, ce qui leur permet de concurrencer les prix américains sur les marchés internationaux. Mais cette règle est universelle et ne concerne pas uniquement l’Europe : même la Chine applique un système similaire.
Alors, Donald Trump est-il réellement en quête d’équité commerciale ou cherche-t-il un nouvel argument pour justifier des mesures protectionnistes ?
La guerre contre la TVA est une guerre commerciale masquée
Le véritable objectif de Trump ne se cache pas longtemps derrière cette rhétorique de la justice fiscale. En réalité, sa volonté de taxer les produits européens s’inscrit dans une politique plus large visant à rééquilibrer la balance commerciale des États-Unis par des mesures protectionnistes déguisées.
Ce n’est pas la première fois que l’ancien président américain use de ce type de stratagème. Déjà en 2018, il avait imposé des droits de douane sur l’acier et l’aluminium européens sous prétexte de "sécurité nationale". Cette fois-ci, la justification change, mais la finalité reste la même : forcer les partenaires commerciaux à accepter des concessions favorables aux États-Unis sous peine de sanctions économiques.
Simone Tagliapietra, économiste au Bruegel Institute interrogé par Axios, met en garde contre une tentative de diviser l’Europe : "Le plus grand risque pour l’UE serait de voir Trump négocier des accords bilatéraux avec certains États membres, affaiblissant l’unité politique du bloc face aux États-Unis." Si l’Union européenne décide de répondre avec des mesures similaires, une escalade commerciale pourrait s’enclencher.
Une riposte européenne encore floue
Face à cette attaque, Bruxelles temporise. Les dirigeants européens se disent prêts à défendre leurs intérêts mais restent prudents avant d’annoncer des contre-mesures. Fabian Zuleeg, du European Policy Center, souligne sur la BBC le dilemme européen : "L’UE ne veut pas d’une guerre commerciale, mais elle ne peut pas non plus se laisser imposer des règles unilatérales par Washington."
Deux scénarios sont envisageables :
L’apaisement : L’Union européenne pourrait chercher un compromis en ajustant ses taxes sur certains produits ou en négociant un accord spécifique avec les États-Unis. Mais cette approche risque d’être perçue comme un aveu de faiblesse face aux exigences américaines.
La confrontation : L’UE pourrait riposter en instaurant des taxes de rétorsion, comme elle l’a fait en 2018 sur les motos Harley-Davidson et le bourbon américain. Une telle escalade aurait un coût économique élevé, mais enverrait un signal fort à Washington.