Tarifs douaniers : après l’acier, au tour du cuivre d’être la cible de Trump

L’ombre d’une nouvelle décision ultra-protectionniste plane sur les marchés des métaux. Un spectre ressurgit : les droits de douane version Donald Trump. Cette fois, c’est le cuivre qui est dans le viseur.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 26 mars 2025 à 6h02
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cuivre, pétrole, bourse, tendance, évolution, matières premières, analyse - © Economie Matin
9925 DOLLARS. Le prix du cuivre à la London Metal Exchange a atteint 9 925 dollars la tonne

Il fallait bien que cela arrive. Le 25 février 2025, le président Donald Trump a signé un décret exécutif déclenchant une enquête officielle sur les importations de cuivre, invoquant la section 232 du Trade Expansion Act. Objectif : déterminer si le cuivre – brut, raffiné, ou sous forme de déchets – représente une menace à la sécurité nationale des États-Unis.

Le cuivre : dernière cible de la guerre des taxes de Trump

Dans le texte publié par la Maison Blanche, on peut lire que : « Le cuivre est une matière essentielle, cruciale pour la sécurité nationale, la puissance économique et la résilience industrielle des États-Unis. » (Décret présidentiel, Maison Blanche, 25 février 2025)

L’argument ? La dépendance américaine au cuivre étranger, notamment aux procédés de raffinage largement dominés par un seul acteur international, poserait un risque stratégique. Le secrétaire au commerce a désormais 270 jours pour remettre un rapport, mais dans les faits, tout le monde sait que la décision est déjà prise : des droits de douane sont imminents.

Le cuivre flambe, les ports américains débordent

Sur les marchés, la réaction a été fulgurante. Le prix du cuivre à la London Metal Exchange a atteint 9 925 dollars la tonne, flirtant avec le seuil symbolique des 10 000 dollars. À New York, la cotation COMEX a même dépassé ce niveau. La prime entre les deux marchés – indicateur de stress logistique – a explosé à 1 400 dollars par tonne, un record.

Résultat immédiat : les importateurs se ruent sur le cuivre. Selon les données croisées de Mercuria et Goldman Sachs, 500 000 tonnes sont déjà en route vers les États-Unis, contre une moyenne mensuelle habituelle de 70 000 tonnes. Les entrepôts portuaires sont saturés, les conteneurs en transit explosent, et les opérateurs parient sur une entrée en vigueur des droits de douane dès 2025.

Vers un retour en grâce des mines de cuivre ?

À Washington, ce nouveau coup de semonce s’inscrit dans une stratégie plus large. Le 20 mars 2025, Donald Trump a signé un second décret mobilisant le Defense Production Act pour encourager la production nationale de minéraux critiques. Le message est clair : plus de cuivre « made in America ». « Le décret confirme ce que nous disons depuis des années : une chaîne d’approvisionnement domestique en cuivre est essentielle à l’avenir de l’Amérique », affirme Mike Foley, dirigeant de Highland Copper interrogé par Mining Gazette.

Les compagnies minières jubilent : Rio Tinto prévoit d’augmenter ses investissements aux États-Unis, misant sur une rentabilité retrouvée. La mine Copperwood dans le Michigan, jusqu’ici à la peine, se retrouve propulsée au rang de projet stratégique.

Des conséquences mondiales : inflation, pénuries, redistribution

Mais à vouloir replier ses chaînes de valeur, les États-Unis risquent de désorganiser l’économie mondiale du cuivre. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) alerte : la demande va tripler d’ici 2040, portée par les véhicules électriques, les données numériques et les énergies renouvelables. Le déficit structurel du marché pourrait atteindre 320 000 tonnes dès cette année. « C’est un choc sous-estimé pour les marchés mondiaux. », avertit Nick Snowdon, analyste chez Mercuria.

La Chine, premier consommateur mondial, risque d’être privée de matière première, les flux étant détournés vers les États-Unis. Le reste du monde s’apprête à payer la facture : hausse des prix, délais de livraison allongés, et risques de stagflation industrielle.

Derrière les justifications sécuritaires, le choix du cuivre n’est pas anodin. En ciblant ce métal stratégique, Donald Trump envoie un signal politique à ses électeurs, tout en provoquant frontalement la Chine. La question est désormais rhétorique : s'agit-il d'une mesure de souveraineté ou d'un retour masqué de la guerre commerciale ?

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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