Brent, WTI, Opep+, Trump… Et si tous les ingrédients d’une déflagration boursière étaient réunis dans le baril ? Ce début d’année 2025 laisse entrevoir une dynamique aussi explosive que déstabilisante. Un parfum de krach énergétique flotte dans l’air, tandis que les analystes tentent de recoller les morceaux d’un marché qui vacille.
Trump, Opep+ et chaos boursier : le pétrole chute de plus de 14 %
Le pétrole n’a jamais aimé les surprises. Mais cette fois, entre diplomatie brutale et stratégie de production douteuse, le choc est sévère. Le 3 avril 2025, un double coup de massue, d’un côté géopolitique, de l’autre logistique, a envoyé valser les cours de l’or noir sur les marchés mondiaux. Depuis le 1er janvier 2025, la tendance est à la chute libre. Et la bourse, toujours prompte à paniquer, s’est emballée.
L’effet Trump-Opep : un cocktail qui saborde le prix du pétrole
Ce jeudi 3 avril 2025 a été marqué d’un sceau noir. Noir pétrole. Donald Trump, fidèle à sa rhétorique économique bulldozer, annonce à la volée une taxe plancher de 10 % sur toutes les importations, et pas seulement chinoises. Une escalade douanière sans précédent qui s’ajoute à 34 % de droits supplémentaires imposés aux produits venus de Pékin, en sus des 20 % déjà en vigueur.
Résultat ? Panique instantanée sur les marchés énergétiques. À 12h05 GMT ce jour-là, le Brent s’effondrait à 70,70 dollars, en baisse de 5,67 %, tandis que le WTI (West Texas Intermediate) plongeait à 67,37 dollars, perdant 6,05 % en quelques heures.
Les réactions ne se sont pas fait attendre. « Les annonces tarifaires ont été bien pires que prévu », a déclaré Arne Lohmann Rasmussen, analyste en chef chez Global Risk Management, cité par PrixduBaril.com, ajoutant que cette politique protectionniste américaine « fait baisser les prix du pétrole ». Même tonalité chez Ole R. Hvalbye, spécialiste de la banque SEB, qui évoque « un double effet particulièrement pesant sur le marché ».
Le pétrole, lui, n’avait rien demandé. Mais il paie la note.
Opep+ : la surprise qui achève le baril
À peine le marché tentait-il de digérer le choc douanier qu’un deuxième front s’ouvrait. L’Opep+, cartel des principaux producteurs de brut incluant la Russie et l’Arabie saoudite, choisissait précisément ce moment pour accélérer sa production, annonçant une hausse de 411 000 barils/jour à partir de mai, contre 135 000 barils prévus initialement. Là encore, les cours ont cédé. Le Brent glissait à 70,77 dollars, le WTI à 67,45 dollars selon les chiffres de Reuters. Ce n’est plus une correction, c’est une saignée.
Le timing a de quoi faire tiquer. Que les géants pétroliers choisissent le jour même d’un tremblement de terre commercial américain pour inonder le marché donne à cette décision une teinte éminemment politique. Un camouflet à Washington ? Ou simplement une mauvaise lecture du calendrier ? Dans les deux cas, la surproduction arrive au pire moment.
Prix du baril de pétrole : chronique d’une chute programmée
Mais cette dégringolade d’avril n’est que le point culminant d’un glissement amorcé dès le début de l’année. À l’ouverture de 2025, le WTI flirtait avec les 77 dollars, tandis que le Brent évoluait autour de 79 dollars. Trois mois plus tard, les seuils psychologiques sont fracassés : 66,19 dollars pour le WTI, 69,35 dollars pour le Brent au 4 avril.
Une chute de plus de 7 % en quatre jours, mais surtout près de 14 % depuis le 1er janvier. Une trajectoire qu’aucun analyste n’osait envisager en décembre 2024. Et pourtant, les signes étaient là : ralentissement de la demande chinoise, tensions commerciales latentes, inquiétudes sur la croissance mondiale.
Vers une correction ou un effondrement structurel ?
La question brûle toutes les lèvres : s’agit-il d’une simple correction passagère, ou d’un réalignement structurel des prix du pétrole ? Difficile de trancher. Car si la chute récente s’explique par des chocs exogènes (politique de Trump, stratégie de l’Opep+), le malaise semble plus profond. L’ombre d’une récession mondiale plane. Certains observateurs y voient même la pire crise énergétique depuis 2020, avec un marché pris entre suroffre et sous-demande.