Entre déclarations tonitruantes et désastres boursiers, l’écart entre les promesses et les faits n’a jamais été aussi criant. À Wall Street, la réalité a infligé une gifle sonore à l’optimisme de Donald Trump.
Trump prédit un boom, la Bourse s’effondre : 2400 milliards envolés
Le 2 avril 2025, Donald Trump, debout dans la roseraie de la Maison-Blanche, ne mâchait pas ses mots. L’ancien président, en campagne pour un nouveau mandat, assurait devant les caméras que les marchés allaient « exploser », affirmant même : « Le pays va bondir » et « six ou sept mille milliards de dollars entrent dans notre pays… Les marchés vont exploser ». À en croire Trump, l’instauration massive de nouveaux droits de douane devait être le levier d’un renouveau économique fulgurant.
Mais cette prophétie tapageuse a été violemment contredite dès l’ouverture des marchés le lendemain. Le 3 avril 2025, la Bourse américaine a vécu sa plus noire journée depuis la pandémie de 2020 : le Dow Jones a chuté de 3,98 %, le Nasdaq a plongé de 5,97 % et le S&P 500 a reculé de 4,84 %. Pour reprendre les mots de Dan Ives, analyste de Wedbush interrogé par le Wall Street Journal, « pire que le pire. Ça va être un moment de panique sans précédent ».
Trump et la finance mondiale : la déconnexion assumée
Le président américain avait promis un droit de douane « minimum » de 10 % sur toutes les importations, mais les détails dévoilés plus tard dans la journée ont révélé une stratégie bien plus agressive : +20 % sur l’Union européenne, +34 % sur la Chine, +24 % sur le Japon, +31 % sur la Suisse. Autant de mesures unilatérales censées rétablir l’équilibre commercial, mais qui ont surtout provoqué une onde de choc mondiale.
À peine ces annonces rendues publiques que le secteur technologique a vacillé. Apple a perdu 9,25 %, soit plus de 300 milliards de dollars de valorisation, Dell -19 %, Nvidia -7,81 %, Broadcom -10,51 %, HP -14,74 %, rappelle BFMTV. Les géants bancaires n'ont pas été épargnés : JP Morgan a cédé 7 %, et plusieurs autres institutions financières américaines ont vu leur capitalisation fondre entre 7 % et 12 %.
Jeudi 3 avril 2025 ce fut un « jeudi noir ». Le résultat des annonces de Trump a conduit à la disparition de 2400 milliards de dollars de capitalisation boursière.
Krach et milliardaires : un bain de sang
Derrière les indices, ce sont aussi les fortunes personnelles des plus riches qui ont subi une saignée historique. Selon l’indice Bloomberg Billionaires Index, les 500 personnes les plus riches du monde ont perdu ensemble 208 milliards de dollars le 3 avril 2025. C’est la quatrième plus grosse perte quotidienne depuis 13 ans.
Parmi les naufragés du jour :
- Mark Zuckerberg : -17,9 milliards de dollars (Meta -9 %)
- Jeff Bezos : -15,9 milliards de dollars (Amazon -9 %)
- Elon Musk : -11 milliards de dollars (Tesla -5,5 %)
- Tobi Lutke (Shopify) : -1,5 milliard de dollars (Shopify -20 %)
- Ernest Garcia III (Carvana) : -1,4 milliard de dollars (Carvana -20 %)
- Bernard Arnault : -6 milliards d’euros (LVMH - chute due à une taxe de 20 % sur les produits européens)
(Yahoo Finance/Bloomberg, 3 avril 2025)
Un seul homme a tiré son épingle du jeu : Carlos Slim, magnat mexicain, dont la fortune a augmenté de 4 % ce jour-là, grâce à l’exclusion du Mexique des sanctions douanières américaines.
L’économie mondiale tremble face à Trump
L'écart entre les annonces triomphales de Trump et la réalité brutale des marchés illustre une dissonance profonde. Alors que le président vantait une stratégie de renforcement économique par l’isolement tarifaire, les experts y voyaient un vecteur de crise. Le Fonds monétaire international, par la voix de Kristalina Georgieva, avertissait : « Les droits de douane annoncés par Donald Trump posent un risque important pour l'économie mondiale ». Plusieurs grandes banques — Deutsche Bank, HSBC, Bank of America — estimaient à 40 % la probabilité d’une récession mondiale d’ici la fin 2025. En parallèle, la correction boursière depuis le pic atteint en novembre 2024 — date de l’élection de Trump — dépasse désormais 18 % selon.
Donald Trump promettait un miracle économique à coups de taxes douanières. Il a obtenu un krach. Les marchés, eux, n’ont pas gobé l’illusion. En moins de 24 heures, les promesses présidentielles se sont heurtées à la froide logique des chiffres, et les investisseurs ont déserté en masse les actifs américains. Ce 3 avril 2025 restera dans les mémoires comme une des pires journées de l’histoire de la Bourse.