Transports : le nouveau ministre se met la CGT Cheminots à dos en moins de 24 heures

Le soir du 24 décembre 2024, un conducteur de TGV a tragiquement mis fin à ses jours, plongeant la SNCF et ses passagers dans le chaos. Une tragédie pour la famille de ce cheminot qui ne semble pas avoir ému un seul instant le nouveau ministre des Transports.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 26 décembre 2024 à 6h38
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transports-suicide-sncf-cgt-tabarot-polemique - © Economie Matin
23,3%23,3% des TGV sont arrivés en retard en 2023

Alors que son train était en marche sur la ligne à grande vitesse Sud-Est, le dispositif de sécurité automatique, connu sous le nom de VACMA, a permis d’éviter une catastrophe ferroviaire majeure, garantissant la sécurité des 400 passagers à bord. Sans pour autant empêcher les perturbations majeures dans les transports durant cette journée de trajets stratégique pour des millions de Français.

Pourtant, cet événement révèle bien plus qu’une simple tragédie individuelle : il expose les pressions croissantes et souvent invisibles subies par les cheminots. Comment en est-on arrivé là, en pleine période de Noël ? Et pourquoi la gestion de cette crise par le gouvernement suscite-t-elle une indignation sans précédent ?

Les déclarations polémiques de Philippe Tabarot, nouveau ministre des Transports, au sujet du suicide du cheminot

Le ministre des Transports, Philippe Tabarot, en poste depuis moins de 24 heures, n’a pas tardé à réagir lors d’une intervention sur CNEWS le 25 décembre 2024, affirmant que ce drame semblait lié à des « problèmes personnels » plutôt qu’à des conditions de travail. Cette déclaration, perçue comme un déni des réalités professionnelles, a immédiatement déclenché la colère des syndicats de la SNCF, et tout particulièrement la CGT. « Il semblerait que son geste soit plutôt lié à des problèmes personnels et familiaux. » – Philippe Tabarot

Surtout, le ministre a tout simplement minimisé la tragédie humaine, estimant que ça aurait pu être « pire ». « Ça aurait pu être plus grave s’il avait souhaité faire dérailler son train », a-t-il affirmé sur Cnews, sans une seule pensée pour la famille de la victime.

Ces propos, jugés insensibles, ont été accueillis par un tollé. La CGT Cheminots a dénoncé un mépris flagrant pour la souffrance des agents SNCF, rappelant que la pression constante de maintenir un service irréprochable, combinée à des réductions de personnel et des attentes accrues, pèse lourdement sur la santé mentale des conducteurs.

La colère des cheminots : Philippe Tabarot risque d'en faire les frais

La réaction des cheminots ne s’est pas fait attendre. Alors que la nomination de Philippe Tabarot avait déjà été accueillie froidement par les représentants syndicaux, cette première déclaration n’améliore en rien sa popularité. De nombreux syndicats ont accusé le ministre d’une tentative de minimiser les responsabilités systémiques. Pour eux, cette tragédie met en lumière une réalité sombre : des conditions de travail qui ignorent la santé mentale des employés.

« Nous sommes en deuil, et au lieu de respecter notre douleur, le gouvernement choisit de nous accuser. » – Communiqué de la CGT Cheminots

Plusieurs témoignages anonymes soulignent le manque de soutien psychologique au sein de la SNCF, malgré la complexité et la dangerosité de leur métier. Les cheminots rappellent que ce suicide est un signal d’alarme, le dernier d’une série de drames passés sous silence.

Un dispositif de sécurité efficace, mais une crise profonde

Le système VACMA (Veille Automatique avec Contrôle du Maintien d’Appui) a permis d’éviter le pire, en arrêtant automatiquement le train après l’abandon du poste par le conducteur. En effet, et chose très rare, le conducteur du TGV s’est tué en sautant de son train en marche, le laissant de faire sans aucun conducteur.

La SNCF a tenté d’apaiser les tensions en publiant un communiqué soulignant que la sécurité des passagers n’avait jamais été mise en danger. Mais ces assurances techniques ne répondent pas aux véritables enjeux humains soulevés par ce drame.

Vers un conflit dans les transports ? Quelles conséquences pour Philippe Tabarot ?

La gestion de cette crise par Philippe Tabarot pourrait avoir des répercussions politiques significatives. Sa déclaration maladroite risque d’exacerber les tensions sociales et de renforcer l’opposition des syndicats, déjà mécontents des réformes prévues dans le secteur ferroviaire. Plusieurs scénarios se dessinent :

  1. Grève nationale : Un mouvement social pourrait se déclencher en réaction à l’absence de reconnaissance des conditions de travail.
  2. Affaiblissement politique : La crédibilité de Philippe Tabarot pourrait être sérieusement mise à mal.
  3. Dialogue de sourds : Si aucune mesure concrète n’est prise, la rupture entre le gouvernement et les syndicats risque de s’aggraver.

Reste à savoir ce que feront les cheminots, une fois les fêtes et la période de deuil passées. Vont-ils lancer une mobilisation majeure contre leur ministre, profitant de l’opposition claire des Français envers le nouveau gouvernement de François Bayrou ? Le nouveau Premier ministre est déjà le plus impopulaire de la Ve République avec 66 % des Français qui lui sont opposés.

Et sa décision de nommer un gouvernement très à droite malgré les résultats des législatives de juillet et la réelle composition de l’Assemblée nationale ne risque pas de faire remonter sa côte de popularité… Alors si ses ministres rajoutent de l’huile sur le feu….

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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