Transports : Ouigo fait-elle du dumping en Espagne ?

Depuis son arrivée en Espagne en mai 2021, la filiale low cost de la SNCF, Ouigo, est sous le feu des critiques pour sa politique de prix agressive, vendant ses billets à grande vitesse bien en dessous de leur coût de revient. Du moins, si on en croit le ministre espagnole des Transports, Oscar Puente, qui attaque frontalement l’entreprise française.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 2 avril 2024 à 6h43
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50%Plus de 50% des clients de Ouigo sont des clients qui n'avaient jamais pris le train avant

Ouigo contre Renfe : une concurrence féroce sur les rails espagnols

La libéralisation du marché ferroviaire en Espagne a vu s'intensifier la concurrence entre trois principaux acteurs : Renfe, la compagnie nationale qui a également lancé sa propre offre low cost Avlo ; Iryo, la filiale de la compagnie publique italienne Trenitalia ; et Ouigo, filiale de la SNCF.

Cette bataille a certes engendré une baisse significative des prix pour les consommateurs, avec des tarifs réduits de 40% par rapport à l'époque du monopole de Renfe, mais elle a aussi conduit à des tensions entre les entreprises. « La concurrence doit être loyale et doit permettre aux trois compagnies de faire des bénéfices ou, à tout le moins, de ne pas subir de pertes », extime Oscar Puente dans un entretien accordé à la presse espagnole.

Les reproches d'Óscar Puente à l'égard de Ouigo

Óscar Puente accuse Ouigo de pratiquer des prix non viables, une stratégie qui, selon lui, menace l'équilibre économique du secteur. Le ministre espagnol souligne que la concurrence doit permettre à toutes les entreprises de générer des bénéfices, ou à défaut, de ne pas encourir de pertes.

Des déclarations rapportées dans les médias espagnols, notamment dans le quotidien catalan La Vanguardia, qui met en lumière la possible intervention du gouvernement espagnol auprès de la Commission nationale des Marchés et de la Concurrence (CNMC) pour contester les pratiques de Ouigo.

La SNCF défend ses Ouigo et les avantages de la concurrence

Face aux critiques, la SNCF n’a pas répondu directement mais a rappelé les propos tenus par Alain Krakovitch, président de Ouigo España, en mars 2024. Ce dernier met en avant le modèle économique de la compagnie, basé sur l'utilisation de rames duplex de grande capacité permettant des économies d'échelle et, par conséquent, le maintien de prix bas.

Selon la SNCF, cette stratégie a non seulement permis d'attirer de nouveaux clients vers le rail, mais a également encouragé un changement modal. « Le modèle de Ouigo en Espagne est basé sur le volume rendu possible grâce à ses rames duplex de 509 places (1 018 en unité multiple), permettant ainsi des économies d'échelle et de maintenir des prix bas. Plus de 50% des clients de Ouigo sont des clients qui n'avaient jamais pris le train avant, et la moitié sont des clients qui ont choisi le report modal. Ils ont opté pour Ouigo plutôt que l'avion ou la voiture », avait alors expliqué le dirigeant français.

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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