Transports : des amendes encore plus salées en cas d’oubli de bagage

Une valise oubliée dans un train, un sac abandonné dans un couloir de métro… Le scénario, désormais classique, risque de coûter (très) cher à son auteur. Car derrière l’objet délaissé, c’est tout un arsenal législatif qui vient de se renforcer. Que cache cette nouvelle législation dans les transports qui frappe là où ça fait mal : au portefeuille ?

Par Alix de Bonnières Publié le 30 mars 2025 à 17h00
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Transports : des amendes encore plus salées en cas d’oubli de bagage - © Economie Matin
150N'oubliez plus votre bagage dans le train, ça pourrait vous coûter 750 euros.

Un oubli dans les transports qui se paye au prix fort

Le 18 mars 2025, l’Assemblée nationale a adopté une loi visant à renforcer la sûreté dans les transports publics. Si le texte embrasse plusieurs sujets sensibles liés à la sécurité, il cible avec une attention particulière un acte en apparence anodin : l’oubli d’un bagage. Sous prétexte de vigilance accrue, le gouvernement encadre désormais ces situations avec un système d’amendes étagé, censé dissuader les négligences comme les provocations.

Auparavant, l’oubli d’un bagage exposait le voyageur distrait à 150 euros d’amende à la SNCF, et jusqu’à 375 euros à la RATP. Ces montants ont été revisités à la hausse, en fonction du degré d’intentionnalité, mais aussi du contexte de l’abandon. Un barème progressif a été mis en place pour faire la différence entre simple oubli, négligence aggravée et acte volontaire.

Quand l’amende devient punitive : nouvelles grilles tarifaires dans les transports

Désormais, un bagage oublié involontairement expose à une amende forfaitaire de 72 euros, montant qui peut grimper jusqu’à 450 euros. Jusque-là, rien d’excessif. Sauf que l’addition devient bien plus corsée dans certains trains où l’étiquetage des bagages est obligatoire – notamment dans les TGV et TER. Dans ce cas, la sanction passe à 150 euros pour l’amende de base, et peut atteindre 750 euros si le sac n’était pas correctement étiqueté.

Mais c’est bien l’abandon volontaire manifeste qui fait exploser le compteur. La personne qui laisserait intentionnellement un colis sans surveillance, sans alerte ni précaution, s’expose à une amende forfaitaire de 180 euros, pouvant atteindre 1 500 euros en fonction de la gravité de l’impact sur la sécurité et la circulation.

« L’exploitant est libre d’attribuer un montant inférieur à l’amende forfaitaire », souligne 20 Minutes, laissant ainsi une marge de discernement aux opérateurs dans l’application des sanctions.

Sécurité ou surenchère ? La ligne floue entre vigilance et contrôle

Ce durcissement législatif n’arrive pas seul. La même loi institue d’autres mesures spectaculaires, comme la création d’un nouveau délit de "bus ou train surfing" – ce phénomène dangereux consistant à s’agripper à l’extérieur des véhicules en marche. Ce comportement sera désormais sanctionné par une contravention de 3 750 euros, selon MoneyVox, qui évoque une « loi relative au renforcement de la sûreté dans les transports ».

Autre innovation : le retour des caméras-piétons pour les contrôleurs. Expérimentées depuis 2019, elles seront désormais autorisées sur une durée de trois ans, y compris pour les conducteurs de bus et de cars. Objectif ? Mieux documenter les incidents, mais aussi renforcer la légitimité de l’action des agents face aux incivilités.

Quant aux usagers, ils pourront se tourner vers des solutions plus discrètes. Un service d’étiquetage anonymisé est en cours de réflexion : il pourrait se matérialiser sous la forme d’un QR code apposé sur les bagages, évitant d’exposer les noms et prénoms tout en facilitant les vérifications.

Dérives sécuritaires ou responsabilité civique ?

Derrière ces mesures, c’est une vision bien particulière de la sécurité dans les transports qui s’affirme. Certains y verront un pas supplémentaire vers une judiciarisation des comportements quotidiens, quand d’autres salueront une réponse ferme à un vrai problème de sécurité publique. La loi ne distingue plus entre oubli bénin et intention malveillante : chaque situation est désormais traduite en montant chiffré, susceptible d’évoluer selon l’appréciation de l’exploitant.

À noter que les transporteurs, notamment la SNCF et la RATP, peuvent toujours appliquer des montants inférieurs à ceux prévus dans le texte. Une souplesse qui pourrait apaiser les tensions… ou renforcer la perception d’un système arbitraire. Tout dépendra de la manière dont cette nouvelle législation sera appliquée sur le terrain.

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