L’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) sonne l’alarme : l’accord de Paris risque d’être sérieusement compromis si les bouchées doubles ne sont pas mises vers la transition énergétique.
Transition énergétique : a-t-on déjà perdu la partie ?
La transition énergétique est trop timide selon l'AIE
Malgré des progrès notables dans l'adoption des énergies propres, l'Agence Internationale de l'Énergie souligne dans son rapport publié ce mardi 24 octobre 2023 une demande persistante en énergies fossiles. Selon ses estimations, cette demande met en péril les objectifs fixés par l'accord de Paris, visant à limiter la hausse des températures mondiales à 1,5°C pour le siècle. Malgré une croissance impressionnante des énergies renouvelables (+40% depuis 2020), les émissions de gaz à effet de serre demeurent excessives, pouvant entraîner une augmentation de 2,4°C des températures mondiales d'ici la fin du XXIe siècle. Le rapport est opportun, étant donné la prochaine COP28 (30 novembre au 15 décembre) à Dubaï. L'AIE, devenue la référence en matière de transition énergétique, souhaite influencer les discussions de ladite réunion internationale.
Elle pourra compter sur le soutien d'une centaine d'entreprises rassemblées au sein de la coalition We Mean Business, comprenant des géants tels que Bayer, Volvo et Nestlé. Leur objectif commun est une réduction significative des émissions de CO2 d'ici 2030, en augmentant la part des énergies renouvelables et en améliorant l'efficacité énergétique. L'AIE propose un plan d'actions ambitieux basé sur cinq piliers, appelant à multiplier par cinq les investissements dans la transition énergétique d'ici 2030, en particulier dans les pays en développement.
Le pic des énergies fossiles et de gaz pourrait être atteint vers 2035
Malgré une baisse prévue de la part des énergies fossiles (de 80 à 73%) dans la production d'énergie mondiale d'ici 2030, des pics de consommation sont anticipés. Ces pics sont principalement attribués à la croissance économique rapide de certains pays en développement, et aux changements de consommation dans les pays plus développés (pompe à chaleur, voiture électrique, etc). Ce fut le cas de la Chine, qui investit depuis dans les énergies renouvelables. Pour le charbon, le pic de consommation devrait être atteint d'ici quelques années, pour le gaz et le pétrole, celui-ci ne semble pas être atteignable avant 2050 selon les estimations de l'AIE. La réduction des émissions dépendra grandement de la capacité à financer des solutions durables pour répondre à la demande énergétique croissante des économies en expansion rapide, des pays producteurs d'énergie fossile et des politiques des pays vers une consommation énergétique plus verte.
Aucun pays ne s'oppose en principe à la transition énergétique, comme le souligne le directeur exécutif de l'Agence Internationale de l'Énergie, Fatih Birol. La question n'est plus de savoir « si la transition énergétique aura lieu », mais plutôt « quand elle se produira ». Bien que les conclusions du rapport puissent sembler mitigées, tout n'est pas perdu, rappelle l'AIE. L'issue dépendra de la capacité de la COP28 à fixer des objectifs ambitieux, du respect de ces objectifs par les pays et de l'évolution du contexte international.