Transition énergétique : il faut beaucoup plus d’argent !

L’urgence climatique est une réalité indéniable, et la transition énergétique s’impose comme une nécessité absolue. Or, l’Organisation des Nations Unies (ONU) tire la sonnette d’alarme sur le financement insuffisant alloué à l’adaptation des pays en développement face au changement climatique.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 3 novembre 2023 à 9h37
Transition Energetique Onu Financement Climat
Transition énergétique : il faut beaucoup plus d’argent ! - © Economie Matin
500 MILLIARDS $Les pays pauvres ont déjà subi plus de 500 milliards de dollars de dégâts liés au réchauffement climatique.

Alors que les catastrophes naturelles se multiplient, aggravées par un réchauffement global qui ne cesse de s'accélérer, les fonds dédiés à la transition énergétique actuellement disponibles sont loin de répondre aux besoins estimés pour une adaptation efficace.

L’ONU alerte : pour la transition énergétique, les sommes sont insuffisantes

Le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) a publié le 2 novembre 2023 un rapport accablant, révélant que les financements destinés à l'adaptation climatique des pays en développement ont chuté de 15% en 2021. Cette réduction des fonds survient à un moment critique où, selon le PNUE, certains pays nécessiteraient jusqu'à 18 fois plus que les montants actuels pour faire face aux défis climatiques imminents. L’ONU pointe l’écart grandissant entre les besoins et les ressources disponibles, avec un déficit de financement estimé entre 194 et 366 milliards d'euros par an.

Et l’horloge tourne de plus en plus rapidement… Les pays les plus vulnérables subissent déjà les conséquences dramatiques du réchauffement climatique, avec plus de 500 milliards de dollars de dommages subis au cours des deux dernières années. Ces économies, souvent les moins responsables des émissions de gaz à effet de serre, se retrouvent en première ligne face aux phénomènes météorologiques extrêmes. Leur incapacité à s'adapter de manière adéquate intensifie non seulement la crise climatique mais aussi les pertes humaines et matérielles.

Transition énergétique : il faudrait plusieurs centaines de milliards par an

Pour comprendre l'ampleur des besoins financiers, il faut se pencher sur les coûts estimés des actions d'adaptation. Selon le PNUE, ces coûts s'élèvent à entre 215 et 387 milliards de dollars par an pour les pays en développement. Or, on est loin du compte. Les flux financiers publics internationaux n'ont atteint que 21 milliards de dollars en 2021, marquant une diminution significative par rapport aux années précédentes. Cette situation est d'autant plus préoccupante que les pays développés s'étaient engagés, lors de la COP26 à Glasgow, à doubler les financements d'adaptation d'ici 2025. « Nous sommes dans une situation d'urgence en matière d'adaptation au climat. Nous devons agir en conséquence. Et prendre des mesures pour combler le déficit d'adaptation, dès maintenant », déclare Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU.

Les investissements dans l'adaptation sont pourtant rentables. Des études citées par le PNUE indiquent que chaque milliard investi contre les inondations côtières pourrait réduire les dommages économiques de 14 milliards de dollars. De plus, un investissement annuel de 16 milliards de dollars dans l'agriculture pourrait éviter à près de 78 millions de personnes de mourir de faim ou de souffrir de faim chronique en raison des impacts climatiques.

55 pays ont déjà dû déplacer des populations

Les pays les plus fragiles sont ceux qui subissent le plus lourdement les conséquences du changement climatique. Les 55 économies les plus vulnérables ont vu leurs terres submergées, leurs récoltes détruites et leurs populations déplacées. Ces pays, qui ont le moins contribué au réchauffement global, sont pourtant ceux qui paient le prix fort, avec des besoins en financement qui ne cessent de croître.

La situation se fait de plus en plus urgente. L'ONU appelle à une mobilisation internationale pour soutenir ces nations. Les fonds serviront à développer des infrastructures résilientes, à promouvoir des pratiques agricoles durables et à renforcer les systèmes de santé et d'assurance pour construire des sociétés capables de résister aux bouleversements climatiques à venir.

Transition énergétique : les promesses des pays riches oubliées ?

La question du financement de la transition énergétique ne peut plus être éludée. Les pays riches, qui avaient promis de fournir 100 milliards de dollars par an d'ici 2020 pour financer l'adaptation et la réduction des émissions dans les pays en développement, n'ont pas tenu leur engagement, atteignant seulement 83 milliards de dollars selon l'OCDE. Le PNUE souligne la nécessité de trouver de nouvelles sources de financement, y compris le secteur privé, et propose des réformes de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI).

Laissez un commentaire
Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

Aucun commentaire à «Transition énergétique : il faut beaucoup plus d’argent !»

Laisser un commentaire

* Champs requis