World Impact Summit 2025 : pensons local avant de penser global

Des rêves, des ambitions, des projets… Une tribune pour certains, un plaidoyer pour d’autres. Pendant deux jours, Bordeaux a accueilli un sommet pas comme les autres : le World Impact Summit 2025.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Publié le 28 mars 2025 à 8h00
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World Impact Summit 2025 : pensons local avant de penser global - © Economie Matin

Les 25 et 26 mars 2025, l’Arkéa Arena de Bordeaux a accueilli la 7ᵉ édition du World Impact Summit 2025.

World Impact Summit 2025 : un rendez-vous devenu incontournable pour la transition écologique

Un écosystème qui regroupe plus de 10 000 professionnels et grands acteurs, plus de 240 exposants, 300 intervenants et 100 partenaires, le World Impact Summit a réussi à s'imposer comme le rendez-vous incontournable européen qui met en avant des solutions concrètes pour la transition écologique. Le sommet propose un format hybride mêlant tables rondes, démonstrations de technologies propres, ateliers immersifs et rencontres BtoB sur deux jours, abordant des enjeux essentiels tels que les océans, la mobilité, l’économie circulaire, l’agriculture durable, la biodiversité ou encore le numérique responsable.

Labellisé « Engaged for Ocean » pour sa 7e édition, la conférence inaugurale du World Impact Summit de 2025, animée par Guila Clara Kessous a réuni, à distance (visioconférence), Leonardo DiCaprio pour une introduction à la table ronde « 2025, une année dédiée aux océans. Et après ? », ainsi que Paul Watson, fondateur de Sea Shepherd, nommé parrain du sommet WIS 2025, quelques mois après sa libération.

Le Made in France pour réconcilier écologie, économie et société

Parmi la centaine de conférences et d’échanges qui ont rythmé le World Impact Summit 2025, une table ronde a particulièrement retenu notre attention : celle consacrée au thème « Made in France et climat : levier pour allier développement économique et transition écologique ? », animée par Nathalie Ricaille (journaliste). Rarement un échange n’aura autant combiné lucidité industrielle, volontarisme territorial et conscience écologique. Yves Jégo, président d’honneur du World Impact Summit et fondateur du label Origine France, n'a pas hésité à mettre les pieds dans le plat : « On a perdu le bon sens depuis l'avènement de ce que l’on appelle la mondialisation. » Ce dernier a ainsi tenu à dénoncer la déconnexion entre les prix, la valeur réelle et la durabilité des produits : «Achetez chinois, c’est acheter trois fois. » Face au « gâchis de matière considérable », il appelle au bon sens et à « réapprendre à investir sur la durée ». « Pourquoi pas créer un Carbonoscore ? Pour donner l’idée du poids carbone que l’acheteur s’apprête à acheter,» a-t-il lancé.

Juliette Sicot-Crevet, directrice du développement durable du groupe SEB, a prolongé son propos : « Oui, l'un des premiers leviers pour allier développement économique et transition écologique est le bon sens. Bon sens auquel j’ajouterai la qualité, ce que le label Made in France Garantie, tout comme l'étiquette CE, qui guident la stratégie du groupe (SEB).» « Sur 47 sites de production (du groupe SEB), 20 sont français », a tenu à insister Juliette Sicot-Crevet. Leader mondial du petit électroménager, la directrice du développement durable du groupe SEB n'a pas hésité à rappeler la force de ce fleuron français qui est avant tout une aventure familiale vieille de plus de 160 ans. « Chez SEB, nous sommes animés par une logique d’excellence portée par la durée. Le re-made in France (reconditionné français ) est l’une de nos priorités », a-t-elle déclaré, tout en insistant sur le potentiel de ce marché. Juliette Sicot-Crevet par ailleurs tenu à évoquer plusieurs brevets déposés par le groupe SEB, portant notamment sur l’amélioration du tri des matériaux ou encore la compatibilité alimentaire des plastiques recyclés. Le groupe a même volontairement laissé l'une de ses innovations en open-source, son ABS recyclé coloré (plastique) créé à partir d'un procédé circulaire, pour que les autres puissent aussi bénéficier de cette avance et élargir ainsi la portée de son impact environnemental.

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Jean Hingray, sénateur des Vosges, a lui aussi défendu une ligne pragmatique et enracinée, appelant à « retrouver une souveraineté industrielle des territoires ». Il déplore l’abandon progressif de l’outil de production national : « Il n’y a pas eu de barrière protectionniste – faisant ainsi écho à la hausse des taxes douanières américaines – pour protéger nos entreprises. En plus de les protéger, il faut redonner du pouvoir d’achat aux Français et relancer la consommation interne. » Pour lui, la transition écologique n’a de sens que si elle s’appuie sur les ressources disponibles localement : « Quand vous vivez dans un territoire composé de forêts, de nature, il faut prendre en compte que nous avons de la matière première à portée de main. » Le sénateur des Vosges milite d'ailleurs en ce sens pour que le Made in Vosges soit juridiquement reconnu.

Jean-Philippe Dogneton, directeur général de la Macif, a quant à lui remis en cause toute tentation d’idéologiser la transition écologique : « Il n’y a que la preuve qui compte. Le sujet d’actualité, c’est celui des territoires : on peut penser global, mais il faut avant tout penser local. » Une conviction traduite en actes : la Macif, au-delà de son rôle d’assureur, agit comme un véritable incubateur pour les startups et les entreprises engagées, en finançant des projets de mobilité, d’énergie verte ou de recyclage à fort ancrage territorial. Autrement dit, l’efficacité ne suffit pas : elle doit être incarnée dans un projet de société. « Il est indispensable d’allier performance économique, sans chercher des marges excessives, à des valeurs, un véritable projet social. » Un discours à la fois optimiste, lucide et constructif, qui vise, en somme, à réconcilier écologie, économie et société — la seule voie possible pour une transition écologique crédible et durable.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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