Une analyse de France Stratégie révèle que sur les 85 milliards d’euros d’investissements nécessaires chaque année pour la transition écologique entre 2024 et 2030, seul un tiers sera économiquement rentable sans intervention publique. Les défis financiers soulèvent des questions cruciales pour l’avenir de la France face au changement climatique.
Transition écologique : Un tiers des investissements jugés rentables
Des investissements cruciaux, mais incertains
La transition écologique est devenue un enjeu central pour les gouvernements et les entreprises à travers le monde. En France, un rapport de France Stratégie indique que pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, un investissement de 85 milliards d'euros par an sera nécessaire, principalement dans les secteurs du bâtiment et du transport routier. Toutefois, cette note, publiée le XX octobre, souligne que « seul un tiers » de ces investissements sera « rentable sans intervention publique ». Ce constat jette un éclairage inquiétant sur les défis économiques liés à la lutte contre le changement climatique.
La nécessité de réduire les émissions de carbone de 55 % d'ici 2030, comme le prévoit le Pacte vert pour l'Europe, impose des investissements colossaux. Parmi ceux-ci, la rénovation énergétique et le bâtiment, et plus particulièrement l’isolation thermique, apparaissent comme des domaines critiques. France Stratégie avertit que « les investissements ne seront généralement pas rentables […] sauf intervention significative du secteur public ».
La question de l’intervention publique
L'absence de rentabilité des investissements dans l'isolation thermique et d'autres améliorations énergétiques met en exergue l'importance d'une stratégie publique forte. Pour faciliter la transition, il sera crucial que les gouvernements déploient des mesures incitatives, telles que des subventions ou des prêts à taux réduit, permettant aux ménages de remplacer leurs systèmes de chauffage au fioul ou au gaz par des solutions plus durables, comme les pompes à chaleur.
Cette situation soulève des inquiétudes quant à l'engagement financier que les États devront assumer. En effet, France Stratégie estime qu’environ 50 % des investissements totaux nécessaires à la transition écologique devraient provenir de fonds publics. En parallèle, le rapport Pisani-Ferry et Mahfouz, publié en mai 2023, estimait que 66 milliards d'euros par an d'investissements supplémentaires seraient nécessaires pour respecter les objectifs climatiques entre 2023 et 2030. Cela souligne l’urgence d’une coordination efficace entre les investissements privés et les financements publics.
France Stratégie estime donc crucial de reconnaître que les investissements verts ne sont pas tous égaux, et agir en conséquence. Certains projets peuvent générer des économies d’énergie, tandis que d’autres nécessiteront une intervention publique pour devenir viables et encourager les acteurs à investir plus rapidement.
Une rentabilité à long terme
Concernant le secteur du transport routier, les avancées technologiques, en particulier dans les véhicules électriques, pourraient offrir une rentabilité croissante au fil du temps, même si cette transition vers une mobilité durable implique des coûts initiaux élevés. « Avec le temps, nous pourrions voir une amélioration significative de la rentabilité de ces investissements », note un expert en mobilité durable.
Mais le manque de rentabilité à court terme risque de plomber ces investissements, rendant des systèmes de transferts financiers, comme des bonus-malus, nécessaires au démarrage. France Stratégie évalue qu'environ 19 milliards d'euros par an de transferts de ce type seraient requis entre 2024 et 2030 pour soutenir des investissements jugés non rentables à ce stade. L’institution appelle de ses vœux la mise en place cadre réglementaire clair qui incite à l'innovation tout en préservant les intérêts économiques des parties prenantes.
Une transition sous tension
Les discussions sur la façon de financer la transition écologique doivent également prendre en compte les préoccupations des citoyens, qui risquent de percevoir ces investissements publics comme des charges fiscales supplémentaires, et les rejeter. Plus globalement, le succès de cette transition dépendra largement de l'engagement de toutes les parties prenantes — gouvernements, entreprises, et citoyens.
Une approche collaborative sera essentielle pour créer un environnement propice à l'innovation et à l'investissement. L'État a un rôle crucial à jouer, mais il doit aussi favoriser un écosystème qui permette au secteur privé de s'engager pleinement dans cette démarche.