Trains à hydrogène d’Alstom : un pari qui déraille en Allemagne

Malgré des promesses ambitieuses, les trains à hydrogène d’Alstom, déployés en Allemagne pour une mobilité plus verte, ont rencontré des défis techniques majeurs. Face à ces échecs, le réseau ferroviaire RMV (Rhein-Main-Verkehrsverbund) a annoncé en novembre 2024 le retour temporaire des trains diesel sur certaines lignes. Une décision qui soulève des interrogations sur la transition énergétique dans le secteur ferroviaire.

Cropped Favicon Economi Matin.jpg
Par Nicolas Egon Modifié le 26 novembre 2024 à 6h07
Trains à hydrogène d’Alstom : un pari qui déraille en Allemagne
Trains à hydrogène d’Alstom : un pari qui déraille en Allemagne - © Economie Matin
280 000 eurosAUjourd'hui, le coût d'exploitation annuel d'un train à hydrogène s'élève à 280 000 euros

L'échec des trains à hydrogène en Allemagne : un contexte complexe

En 2018, l’Allemagne lançait les premiers trains à hydrogène Coradia iLint d’Alstom sur la ligne RB15, reliant Bad Homburg à Brandoberndorf. Ces trains promettaient une alternative propre aux modèles diesel, utilisant des piles à combustible pour produire de l’électricité sans émission de CO₂. Cependant, des pannes fréquentes et des interruptions d’approvisionnement en hydrogène ont compromis leur fiabilité. Au total, 16 trains diesel de la série Lint 41 remplaceront temporairement les Coradia iLint jusqu’à la fin de 2025, le temps pour Alstom de résoudre les problèmes techniques.

Les trains à hydrogène ont rencontré des dysfonctionnements persistants. Selon RMV, les Coradia iLint nécessitent une modernisation complète, incluant l’intégration de nouvelles générations de piles à combustible. Les défis techniques sont liés à l’adaptation de cette technologie à une exploitation quotidienne, un terrain encore relativement inexploité. Par ailleurs, des problèmes d’approvisionnement en hydrogène ont aggravé la situation. Les retards de livraison par les fournisseurs ont forcé certains opérateurs à suspendre l’utilisation de ces trains.

Bien que l’hydrogène soit une solution écologique, ses coûts de production, d’approvisionnement et d’exploitation restent supérieurs à ceux du diesel. La mise en place d’une infrastructure dédiée (stations de recharge, logistique de transport) représente un investissement conséquent.

Comparatif Diesel (€) Hydrogène (€)
Coût annuel d’exploitation 200 000 280 000
Infrastructure initiale 0 (existante) 1,5 million/station

Alstom nous explique un peu mieux la situation :

"Alstom, RMV et la société d'exploitation START ont convenu de stabiliser les opérations sur le réseau très fréquenté du Taunus sur une ligne (RB15) pour une période limitée en utilisant des trains diesel. Sur la deuxième ligne (RB12), les trains à hydrogène continuent d'être en service. À partir de 2025, la flotte de Coradia iLint fera l'objet d'un programme de modernisation et sera équipée d'une nouvelle génération de piles à combustible afin de garantir que tous les trains à hydrogène puissent être utilisés de manière fiable à long terme.

Une fois ce programme achevé, les Coradia iLint seront progressivement mis en service pour remplacer à nouveau la flotte temporaire du réseau RMV.

Malgré les nombreux essais préalables, nous devons reconnaître que l'utilisation de cette technologie dans les opérations quotidiennes de transport de passagers est une première pour toutes les parties concernées et que nous sommes confrontés aux défis qui doivent être relevés lorsqu'il s'agit de lancer les premiers une nouvelle technologie.

Alstom est le seul constructeur ferroviaire à disposer d'un train à pile à hydrogène entièrement homologué pour le transport de passagers, et l'apprentissage réalisé profitera à l'ensemble du secteur à long terme."

Les implications pour l'industrie ferroviaire

Le retour au diesel, bien qu’économiquement justifié à court terme, met en lumière les défis liés à l’intégration des technologies propres dans les systèmes existants. Cette décision pourrait freiner l'adoption de l’hydrogène dans d’autres secteurs si des solutions durables ne sont pas rapidement mises en œuvre.

Perspectives :

  • La ligne RB12 reliant Königstein im Taunus à Francfort reste alimentée par des trains à hydrogène, indiquant une volonté de poursuivre les tests.
  • Des investissements dans la R&D pour fiabiliser les piles à combustible pourraient renforcer la compétitivité de l’hydrogène.

Les ambitions climatiques de l’Union européenne exigent une réduction drastique des émissions de CO₂, plaçant l’hydrogène comme un acteur clé de la transition énergétique. Cependant, des progrès sont nécessaires pour résoudre les obstacles actuels. La technologie doit devenir plus fiable et compétitive pour remplacer le diesel de manière durable.

Points essentiels pour une adoption réussie :

  • Investir dans la fiabilité technologique.
  • Développer un réseau robuste d’approvisionnement.
  • Réduire les coûts par une industrialisation accrue.

Une réaction ? Laissez un commentaire

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre Newsletter gratuite pour des articles captivants, du contenu exclusif et les dernières actualités.

Aucun commentaire à «Trains à hydrogène d’Alstom : un pari qui déraille en Allemagne»

Laisser un commentaire

* Champs requis