En pleine crise sociale et de critique des « superprofits » dont TotalEnergies est devenue l’emblème, l’énergéticien a annoncé augmenter le salaire de son PDG. Patrick Pouyanné, qui a gagné près de 6 millions d’euros en 2022, devrait connaître une rallonge de près de 10 %. Une idée qui ne plaît guère à Clément Beaune, ministre des Transports.
TotalEnergies : L’augmentation de Patrick Pouyanné ne plaît pas au gouvernement
Une hausse de salaire de près de 600.000 euros pour Patrick Pouyanné
TotalEnergies a connu une année record en 2022 : 19 milliards d’euros de bénéfices nets. Et ce malgré la ristourne que l’entreprise a proposée aux Français et qui lui a coûté moins d’un milliard d’euros. Alors, forcément, le Conseil d’Adamnistration du géant pétrolier veut remercier son PDG, Patrick Pouyanné. Jeudi 16 mars 2023, du fait des résultats exceptionnels, les dirigeants de TotalEnergies ont dévoilé une proposition visant à augmenter de 10% le salaire du PDG. La proposition sera soumise au vote des actionnaires lors de l’Assemblée Générale du 26 mai 2023.
L’augmentation est conséquente, et ne manquera pas de relancer le débat sur le salaire des dirigeants du CAC40. En premier lieu, 10% de hausse, c’est près de deux fois l’inflation en 2022 (5,9% selon l’Insee). Et ce alors que les salaires, eux, n’ont augmenté que de 5% selon la Banque de France en 2022. Un niveau insuffisant pour compenser la hausse des prix à la consommation.
Mais, surtout, le salaire de Patrick Pouyanné est loin de lui empêcher de faire les courses ou payer ses factures. Le dirigeant a touché 5,9 millions d’euros, toutes rémunérations confondues, en 2021, dont 1,5 million de salaire fixe. La hausse de 10% reviendrait donc à une augmentation de près de 600.000 euros, soit l’équivalent de 30 années de SMIC environ.
Pour Clément Beaune, TotalEnergies aurait « pu s’en passer »
Tandis que les Français ont vu échouer les motions de censure contre le gouvernement, qui a utilisé le 49.3 pour leur imposer de travailler deux ans de plus en reportant l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans, une telle augmentation de salaire risque de mal passer. C’est l’avis de Clément Beaune, ministre des Transports, qui appelle les actionnaires à la « sobriété ».
Le ministre ne peut pas décider, ou bloquer la décision, mais il estime que la hausse risque d’être mal perçue. « On n'était pas obligé d'avoir des mesures d'augmentation qui, pour beaucoup de Français, paraissent extrêmement élevées parce qu'elles vont au-delà de l'inflation. »
« On aurait pu s'en passer dans la période qu'on vit », affirme-t-il sur FranceInfo le 20 mars 2023. Selon lui, de telles décisions sont « un symbole ».