Ils les reçoivent chaque mois, les dépensent parfois sans y penser ou les économisent comme des bons points. Les titres-restaurant, discrets compagnons du déjeuner, cristallisent aujourd’hui des revendications bien plus larges qu’il n’y paraît.
Titres-restaurant : ce que les salariés réclament vraiment en 2025
Une enquête nationale menée par Selvitys pour Openeat, scrutant le rapport des Français aux titres-restaurant. Près de 2 000 salariés utilisateurs, issus de tous les horizons professionnels, ont été interrogés jusqu’au 28 février. Et une chose est sûre : si ce système d’avantage social devait disparaître, il ne partirait pas dans l’indifférence générale.
Les titres-restaurant, outil incontournable du salarié
Derrière les titres-restaurant se cache bien plus qu’un simple coup de pouce pour le déjeuner. Pour 94 % des salariés interrogés, ils sont utiles. Et pour 78 %, ils sont même « indispensables ». Ces chiffres claquent comme une gifle aux sceptiques : l’outil est enraciné dans la vie quotidienne, au point d’être devenu pour 74 % un élément important de leur rémunération. Bref, ne touchez pas à leur TR sans gants.
On les utilisait hier en papier, on les glisse aujourd’hui sur une carte. La dématérialisation progresse à marche forcée : 72 % des salariés possèdent désormais une carte, contre 28 % restés fidèles au format papier. Et plus l'entreprise est grande, plus cette transition est prononcée – 82 % des salariés de grandes structures sont déjà passés à la carte.
Les titres-restaurant, en pleine mutation numérique et sociale
La carte est perçue comme un soulagement logistique : 57 % des répondants saluent la disparition du risque de perte, d’oubli ou de vol, et 55 % apprécient la simplicité et la rapidité du paiement sans contact. Pourtant, tout n’est pas si simple. 47 % dénoncent le plafond journalier de 25 euros comme un frein, et 44 % rappellent que la carte n’est toujours pas acceptée partout. Pour un instrument censé faciliter la consommation, l’ironie est palpable.
Ce sont souvent les plus fragiles – TPE, bas salaires, zones rurales – qui restent attachés au papier, parfois plus par nécessité que par choix. Et même parmi les utilisateurs numériques, 14 % déclarent vouloir revenir au papier, souvent parce que « la carte est moins bien acceptée » ou « ne permet plus de partager les titres avec ses enfants ».
Titres-restaurant et pouvoir d’achat : le grand malentendu
L’étude révèle que 81 % des salariés estiment que les titres-restaurant améliorent leur pouvoir d’achat, et 78 % les utilisent pour faire leurs courses alimentaires. Depuis le 18 août 2022, leur usage est élargi aux grandes surfaces, y compris pour des produits non immédiatement consommables. Résultat ? La frontière entre « titre restaurant » et « titre alimentaire » devient floue.
Quand on leur demande de trancher, 70 % des sondés préfèrent un titre alimentaire utilisable en magasin, contre 30 % qui défendent un usage exclusivement réservé aux restaurants.
Les usages réels : entre flexibilité et contraintes
Les salariés utilisent leurs titres de manière très pragmatique. 34 % les dépensent dans des restaurants, 28 % dans des commerces alimentaires, 38 % en supermarchés. Un salarié sur deux les utilise 2 à 3 fois par semaine, et 21 % quasiment tous les jours. Et pourtant, 48 % admettent oublier de les utiliser, faute d’habitude, de temps ou par peur de refus de paiement.
Le télétravail change également la donne : 39 % n’utilisent pas leurs titres en travaillant depuis chez eux, souvent parce qu’ils cuisinent eux-mêmes (84 %) ou ne pensent pas à commander.
Autre point sensible : seulement 16 % des salariés peuvent ajuster le montant ou le nombre de titres qu’ils perçoivent chaque mois. Et quand ce n’est pas possible, plus de la moitié aimeraient en avoir la possibilité. Le message est clair : les salariés réclament plus de souplesse, d’adaptation à leurs modes de vie et à leurs choix de consommation.