Titres-restaurant : ce que prépare la réforme de 2025

Les titres-restaurant sont en passe d’être totalement réformés par l’exécutif. Entre les revendications des restaurateurs, les attentes des salariés et la pression du gouvernement, des réformes sont prévues dès l’été 2025. Au programme : nouvelles règles d’utilisation, dématérialisation obligatoire, encadrement des frais… Mais qui sortira gagnant de cette refonte ?

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 10 février 2025 5h48
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Titres-restaurant : ce que prépare la réforme de 2025 - © Economie Matin
30%Environ 30 % des titres-restaurant sont aujourd’hui dépensés en grande surface

Le 7 février 2025, Véronique Louwagie, ministre du Commerce, a annoncé que le gouvernement allait présenter une réforme des titres-restaurant dès l’été. L’objectif ? Adapter cet avantage social aux évolutions des habitudes de consommation tout en répondant aux plaintes des restaurateurs, qui dénoncent une utilisation détournée au profit des supermarchés. Si la prolongation de leur usage pour les courses alimentaires est confirmée jusqu’en 2026, d’autres ajustements sont à prévoir : limitation des frais, plafonnement différencié, suppression des titres papier… Une refonte qui pourrait bien redistribuer les cartes.

Pourquoi une réforme des titres-restaurant en 2025 ?

Depuis leur création en 1967, les titres-restaurant ont évolué, mais les tensions entre les différents acteurs n’ont jamais été aussi fortes. Le prolongement de leur usage en supermarché jusqu’à fin 2026 a ravivé les critiques des restaurateurs, qui dénoncent un "détournement" en "titre-caddie". En parallèle, les salariés perdent chaque année des millions d’euros en titres non utilisés. Le gouvernement souhaite rééquilibrer la situation.

Les restaurateurs dénoncent un manque à gagner considérable et une baisse de fréquentation au profit des grandes surfaces. La grande distribution capte plus d’un milliard d’euros de transactions initialement prévues pour la restauration. Par ailleurs, les commerçants qui acceptent les titres-restaurant subissent des frais de commission excessifs, souvent compris entre 5 et 6%, ce qui réduit considérablement leurs marges.

De leur côté, les salariés réclament une plus grande flexibilité d’utilisation et plus de transparence sur les frais cachés. Beaucoup se plaignent également de la perte de leurs titres papier, un problème récurrent qui a représenté 15 millions d’euros de titres périmés en 2024. La dématérialisation, déjà amorcée par certaines entreprises, deviendra sans doute incontournable pour limiter ce gaspillage.

Titres-restaurant : les grandes mesures envisagées

L’un des principaux axes de la réforme concerne l’instauration d’un double plafond entre la restauration et la grande distribution. Aujourd’hui, les salariés peuvent utiliser leurs titres-restaurant avec un plafond de 25 euros par jour, sans distinction de lieu. Le gouvernement souhaite introduire un plafond plus élevé pour les repas pris dans les restaurants et un montant réduit pour les achats en supermarché, afin de freiner l’effet "ticket-caddie".

L’autre mesure phare concerne la régulation des frais appliqués aux commerçants. Les commissions prélevées par les émetteurs de titres-restaurant sont considérées comme excessives par les professionnels du secteur. La réforme prévoit d’instaurer un plafond maximal afin de rendre le dispositif plus équitable. Cette limitation des frais permettrait alors de réduire la charge financière des restaurateurs et de rendre le titre-restaurant plus attractif pour les établissements qui hésitaient encore à l’accepter.

Par ailleurs, l’extension de l’usage des titres-restaurant aux dimanches et jours fériés est en discussion. Actuellement, un salarié ne peut les utiliser ces jours-là que s’il est en poste. La réforme pourrait généraliser cette possibilité, ce qui offrirait une plus grande souplesse aux bénéficiaires. Enfin, la suppression progressive des titres papier au profit d’une dématérialisation complète d’ici 2026 est une piste sérieusement envisagée.

Une réforme des titres-restaurant qui ne plaît pas à tout le monde

Si la réforme répond à des besoins réels, elle ne fait pas l’unanimité. Les restaurateurs exigent des garanties sur le maintien de leur clientèle et redoutent un détournement définitif du dispositif au profit des grandes surfaces. Les distributeurs, quant à eux, plaident pour une pérennisation du système actuel, qui soutient le pouvoir d’achat des ménages.

Les salariés, de leur côté, attendent une clarification des règles et une meilleure protection contre les pertes financières liées aux titres expirés. Certains redoutent néanmoins que la dématérialisation s’accompagne de nouvelles restrictions d’utilisation. Le gouvernement devra donc naviguer entre ces revendications contradictoires pour proposer une réforme équilibrée.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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