Titres-restaurant : vous pourrez payer les courses en 2025

Le 23 octobre 2024, Laurence Garnier, secrétaire d’État à la Consommation, a annoncé la volonté du gouvernement de prolonger l’utilisation des titres-restaurant pour les courses alimentaires au-delà de 2024. Une extension de l’usage plébiscité par les consommateurs mais qui continue de soulever des débats, notamment parmi les restaurateurs qui y voient un risque pour leur secteur.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 24 octobre 2024 à 10h11
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25 EUROSDepuis le 1er octobre 2022, le plafond journalier d'utilisation des titres-restaurant est fixé à 25 euros

Titres-restaurant : un outil pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages

En pleine période de lutte contre l’inflation, les titres-restaurant sont devenus un levier essentiel pour améliorer le pouvoir d’achat des Français. Dès 2022 dans le cadre de la crise sanitaire, les titres-restaurant ont vu leur champ d’application étendu à l’achat de denrées alimentaires non directement consommables, comme la farine, le riz, la viande ou encore les pâtes, dans les grandes surfaces. Cette dérogation devait initialement prendre fin en 2024, après avoir été prolongée à plusieurs reprises. Mais elle pourrait être prolongée jusqu'en 2025, selon les déclarations de Laurence Garnier au Parisien.

« Aujourd'hui, ce que je peux vous dire, c'est que le gouvernement est favorable à prolonger cette dérogation », a-t-elle précisé. Une réforme qui vise à répondre aux attentes des Français, toujours fragilisés par une inflation qui pèse toujours lourd sur les budgets alimentaires. Les ménages français, qui utilisent désormais massivement ces titres-restaurant pour leurs courses du quotidien, y trouvent un moyen efficace de mieux gérer leurs dépenses en alimentation.

Titres-restaurant pour faire les courses : une mesure critiquée par les restaurateurs

Cependant, cette extension de l'utilisation des titres-restaurant ne fait pas l’unanimité, notamment dans le secteur de la restauration. Thierry Marx, président de l'Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie (UMIH), ne mâche pas ses mots : il parle même de « scandale ». Selon lui, cette mesure détourne les titres de leur vocation initiale – soutenir la restauration – et porte un coup dur au secteur, déjà fragilisé par la pandémie.

Les titres-restaurant, créés en 1962, avaient en effet pour but premier de permettre aux salariés de se restaurer au sein des établissements de restauration. Leur usage élargi aux grandes surfaces représente, selon l’UMIH, une perte estimée à 576 millions d’euros pour les restaurateurs, somme qui a été récupérée par la Grande distribution.

D'autres voix au sein du secteur appuient cette position. Le Groupement des Hôtelleries & Restaurations de France (GHR) reconnaît l’avantage de cette mesure pour les consommateurs, mais rappelle que les titres-restaurant « ont été créés pour les restaurants ». En redirigeant ces fonds vers la grande distribution, une manne financière importante échappe aux restaurateurs, mettant en péril une partie de leur chiffre d’affaires.

Les titres-restaurant : une nécessité pour l’équilibre des ménages

Pour le gouvernement, il ne s’agit pas uniquement de répondre aux demandes des restaurateurs ou de la grande distribution, mais de trouver un équilibre entre soutien économique aux secteurs en difficulté et réponse aux besoins des ménages. L’extension de l’utilisation des titres-restaurant est vue comme une réponse temporaire, mais nécessaire pour aider les familles à absorber les coûts alimentaires qui restent élevés.

Les consommateurs, principaux bénéficiaires de cette mesure, y voient un avantage direct. Selon un sondage récent, plus de 70% des utilisateurs des titres-restaurant considèrent que leur extension pour les courses alimentaires a permis d'améliorer leur budget alimentaire et donc leur budget mensuel tout court. En période de crise, chaque euro compte, et pouvoir utiliser ces titres pour des achats de première nécessité allège considérablement la pression sur les budgets des ménages.

Laurence Garnier a reconnu l’impact positif de la mesure sur le pouvoir d’achat, tout en appelant à la prudence : « Aujourd’hui, l’inflation a plutôt tendance à ralentir, mais nous devons continuer à accompagner les Français », a-t-elle déclaré, en promettant de réunir les différents acteurs début 2025. « On va laisser passer le PLF (projet de loi de finances) et le PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale) et je recevrai tous les acteurs en début d'année prochaine. »

Une évolution des titres-restaurant sur fond de crise économique

L'extension de l’usage des titres-restaurant et la polémique qui est née fait écho aux changements qui ont marqué ce dispositif ces dernières années. À l’origine, ils étaient conçus pour être utilisés exclusivement dans les restaurants, permettant aux salariés de profiter de repas équilibrés au travail. Cependant, les crises successives, d’abord sanitaire puis économique, ont poussé le gouvernement à revoir les règles d’utilisation de ces titres, afin d’apporter une réponse adaptée à l’urgence du moment.

En 2020, en pleine pandémie de Covid-19, une première dérogation avait été mise en place pour permettre l’utilisation des titres-restaurant dans la grande distribution, un geste qui visait à soutenir les ménages confinés. Cette mesure a ensuite été prolongée et élargie pour inclure l’achat de produits alimentaires non transformés. De plus, les plafonds d’utilisation ont également été relevés à plusieurs reprises pour répondre aux besoins des consommateurs.

Et ce n’est pas tout : avec le développement et l’adoption massive du télétravail en France, les titres-restaurant ont perdu leur vocation première, celle de permettre aux salariés de manger dehors lors de la pause de midi. Désormais, ils mangent à la maison, ce qui nécessite plus de courses et donc un budget pour ces dernières plus élevé.

L’avenir des titres-restaurant : que va-t-il se passer en 2025 ?

La prolongation de cette mesure jusqu’en 2025, si elle est adoptée, soulèvera des questions importantes sur l’avenir des titres-restaurant. Ces derniers sont-ils destinés à rester un outil de soutien au pouvoir d’achat pour les courses alimentaires ou reviendront-ils à leur fonction première, à savoir soutenir la restauration ?

La question divise, mais il est certain que l’avenir des titres-restaurant se jouera dans un équilibre entre les intérêts des restaurateurs, des distributeurs et des consommateurs. L'enjeu pour le gouvernement sera de proposer une législation qui prenne en compte les évolutions de la consommation, tout en continuant à soutenir les secteurs les plus fragilisés par les crises. Dans tous les cas, les discussions s’annoncent houleuses début 2025, lorsque tous les acteurs seront réunis autour de la table pour décider de l’avenir des titres-restaurant.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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