Dans un coin isolé de l’Essonne, à Limours, Thales assemble un radar militaire capable de suivre un millier de cibles à la seconde. Un bijou technologique conçu pour replacer la France au sommet de la défense aérienne mondiale.
Thales triple sa production de radars militaires !

Un champ, une forêt, un site industriel discret. Et à l’intérieur : un monstre de précision, capable d’analyser 4 téraoctets de données par seconde. Bienvenue à Limours, berceau du Ground Fire 300.
Thales : à Limours, une usine en pleine accélération
À 30 kilomètres de Paris, Thales fabrique l’un des radars les plus avancés du monde. Le Ground Fire 300, entièrement numérique, voit à 360 degrés, suit jusqu’à 1 000 cibles et traite une masse de données gigantesque en temps réel. Sa mission : détecter les missiles, drones, avions, voire essaims d’attaques coordonnées, pour les intercepter avant qu’ils ne frappent.
« Le radar n’a qu’une seule antenne, mais elle est capable d’émettre plusieurs faisceaux et d’avoir plusieurs yeux en même temps », explique Éric Marceau, directeur marketing pour les radars de surface de Thales. Grâce à son temps de rotation réduit à une seconde, le radar actualise sa vision en continu et permet un guidage extrêmement précis des missiles.
La demande explose, notamment depuis le début de la guerre en Ukraine. Résultat : Thales a triplé sa production. L’usine de Limours est passée de 9 radars livrés en 2023 à 28 en 2024, avec un objectif de 35 à 40 systèmes en 2025. Le temps d’assemblage, lui, a fondu de 55 à 21 jours.
Pour suivre le rythme, l’entreprise a massivement investi : 400 personnes embauchées en 2024, et autant de recrutements prévus cette année. Le site compte désormais plus de 2 000 salariés, devenant un pôle majeur de haute technologie et un moteur d’emploi local.
Derrière l’innovation, une ambition stratégique claire
Avec le Ground Fire 300, Thales espère reprendre l’avantage technologique sur les radars américains, notamment le Patriot, largement utilisé par les pays de l’OTAN. « Nos performances sont désormais nettement supérieures à celles du Patriot américain », affirme Éric Marceau à Les Échos.
Ce regain technologique pourrait changer la donne pour l’Europe. Le radar de Thales est conçu pour s’intégrer dans le système SAMP/T, développé avec l’Italie, afin de proposer une alternative européenne aux équipements américains. Un enjeu de souveraineté, mais aussi d’export : plusieurs pays hésitent dorénavant entre l’offre américaine et la solution franco-italienne.
Le Ground Fire 300 est plus qu’un radar. C’est le symbole d’une reconquête industrielle. D’un retour au premier plan d’une filière française capable de concevoir, produire et exporter de la haute technologie militaire.
La défense aérienne redevient une priorité en Europe. Thales l’a compris. Et l’Essonne pourrait bien être, demain, un carrefour stratégique du ciel européen.