Thales : l’armée française signe un contrat « absolu »

Le 26 mars 2025, Thales a officialisé la signature d’un contrat inédit d’une durée de dix ans avec l’armée française. Ce partenariat majeur, baptisé "Absolu", fait basculer la logique de soutien logistique des forces françaises dans une ère de centralisation radicale.

Thales remporte un contrat “Absolu” : vers une révolution du soutien militaire français

En matière de soutien militaire, la fragmentation était la norme. Jusqu’ici, l’Armée de Terre, l’Armée de l’Air et de l’Espace, ainsi que la Marine nationale faisaient appel à une mosaïque de contrats de maintenance distincts. Thales a mis fin à cet éparpillement avec "Absolu", un contrat de dix ans notifié par la Structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres (SIMMT).

Ce contrat vise à rassembler près de 30 dispositifs de soutien existants. L’enjeu ? « Thales apporte toute son expertise et sa réactivité à la SIMMT, au bénéfice des forces sur le terrain, en permettant d’augmenter significativement la disponibilité opérationnelle des équipements et en s’engageant contractuellement à réduire de 30 % les délais de réparation », selon Christophe Salomon, Directeur général adjoint, Systèmes d’Information et Communication Sécurisés, dans un communiqué de presse du 26 mars 2025. Thales entend également doubler ses capacités de traitement logistique en cas de conflit de haute intensité.

Thales et l’armée française : une décennie d’enjeux stratégiques

Le choix de Thales ne doit rien au hasard. Le groupe, qui a réalisé 20,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2024, est un pilier des technologies critiques en France. Mais pourquoi maintenant ?

L’armée française s’ajuste à l’hypothèse d’engagements futurs à haute intensité. Cela implique des exigences de réactivité, de prévision et de continuité logistique. Thales, via "Absolu", introduit des innovations structurelles : une gouvernance centralisée avec la création d’un plateau commun pour accélérer les prises de décision et les réparations, la sécurisation logistique via la consolidation des stocks sur deux sites distants, ainsi que l’utilisation de dispositifs de data science pour suivre en temps réel la performance, anticiper les consommations et soutenir les choix stratégiques avec les équipes de l’État.

Un contrat à haute valeur ajoutée pour la logistique militaire

Le contrat Absolu couvre, dans un premier temps, la maintenance de systèmes critiques. Il s’agit des postes radios de quatrième génération PR4G, des systèmes de radiocommunications longue portée Melchior, et des stations du programme ASTRIDE22 (Accès par satellite et par transmission hertzienne au réseau de zone et de l’intranet de l’espace de bataille). Ces équipements assurent aux armées françaises une capacité de commandement autonome et permettent à la France d’assumer un rôle de nation cadre dans les coalitions internationales.

La SIMMT, qui jusque-là contractualisait chaque programme individuellement, change donc de doctrine. Le format précurseur d’Absolu devient le laboratoire de la transformation logistique de l’armée française.

L’économie circulaire entre au cœur de la stratégie militaire française

Autre dimension structurante du contrat : l’engagement environnemental. Thales s'engage à intensifier le tri, la récupération et la réutilisation des composants critiques, qu’il s’agisse de cartes électroniques, de matériaux rares ou de pièces radio. Cette logique vise à prolonger la durée de vie des équipements tout en réduisant l’empreinte carbone des opérations de maintenance.

Cette stratégie permet également d’alléger les pressions sur les chaînes d’approvisionnement mondiales. Dans un contexte où les composants critiques se raréfient et où les circuits logistiques sont vulnérables, le recyclage devient un atout tactique. Le groupe prévoit aussi de mettre en œuvre des capacités avancées de sélection des matières premières les plus sensibles et de généraliser le réemploi dans ses cycles industriels. Cette approche environnementale, loin d’être accessoire, s’impose comme un levier central de la stratégie de défense logistique française.