Le constructeur ferroviaire Alstom a dévoilé, vendredi 4 avril, un plan d’investissement de 150 millions d’euros destiné à augmenter drastiquement ses capacités de production de TGV en France. L’objectif est de tripler la cadence de sortie des rames d’ici deux ans. Et à la clé, 1 000 embauches sur le territoire français. Une annonce qui tombe à pic, alors que la demande explose et que les lignes à grande vitesse, elles, patinent.
TGV : Alstom injecte 150 millions d’euros en France et promet 1 000 embauches

Alstom renforce ses lignes pour faire face à la pression sur le TGV
À La Rochelle comme à Valenciennes, les chaînes de montage sont sur le point de prendre un sérieux coup d’accélérateur. Pour Alstom, il s’agit de sortir d’une impasse industrielle : un seul train Avelia Horizon (baptisé TGV M par la SNCF) est actuellement produit chaque mois. Or, pour répondre aux commandes passées, le groupe veut atteindre une cadence de 2,5 trains mensuels d’ici 2027. Henri Poupart-Lafarge, directeur général du groupe, a déclaré sur BFM Business : « Nous avons fondamentalement revu notre gamme de produits ».
Àprès des années de rationalisation, l’industriel relance la machine. « Ce TGV rencontre un grand succès, à la fois en France mais on l’a vendu aux États-Unis, nous l’avons vendu au Maroc et nous l’avons vendu au premier opérateur privé, Proxima », a expliqué Henri Poupart-Lafarge dans des propos rapportés par Sud Ouest. Ce succès commercial planétaire impose à Alstom de repenser toute sa chaîne logistique. La future ligne d’assemblage de Valenciennes, traditionnellement dédiée aux métros et RER, sera la première infrastructure en dehors de La Rochelle à assembler des TGV. L’usine charentaise, elle, verra ses lignes de chaudronnerie doublées.
Le TGV M, un fleuron technologique
Le Avelia Horizon, c’est le nom de code de ce train à très grande vitesse nouvelle génération. Officiellement, il incarne la réponse française aux défis du transport durable. Officieusement, il est devenu l'obsession d'Alstom et de la SNCF, qui mènent une véritable « course contre la montre » pour une entrée en service début 2026, peut-on lire sur 20 Minutes. Le carnet de commandes donne le vertige : 115 rames pour la SNCF, 18 pour le Maroc, 12 pour la future compagnie concurrente Proxima. Cette dernière ambitionne ni plus ni moins de briser le monopole historique de la SNCF sur l’axe Atlantique à partir de 2028. Une révolution sur les rails. Et une pression colossale sur les délais.
1 000 emplois créés, 2 500 sécurisés
La dimension sociale de l’opération est tout sauf anecdotique. Alstom promet 1 000 créations de postes en 2025. Mais ce n’est que la partie émergée du chantier. L’investissement annoncé de 150 millions d’euros aura des répercussions en cascade sur tout l’écosystème.
Le groupe prévoit également de générer ou sécuriser environ 2 500 emplois indirects chez ses sous-traitants français. À La Rochelle, un « TrainLab » sera mis en place, visant à accélérer les tests de validation et la mise en service. À Belfort, un nouveau bâtiment de 250 mètres doit accueillir les opérations de préparation commerciale. Loin des symboles, c’est bien une relance industrielle qui se dessine, en dur, en acier et en soudures.
Une France qui redémarre sur des rails… à condition de ne pas dérailler
Sur le papier, le plan est solide. Ambitieux. Patriote même. Mais il faudra plus qu’un coup de peinture fraîche pour réussir ce pari industriel. Car tripler une production, cela ne se décrète pas. Cela s’organise, se finance, se sécurise. Et surtout, cela dépendra de la capacité d’Alstom à recruter, dans un marché du travail déjà tendu, les soudeurs, techniciens, ingénieurs et conducteurs capables de soutenir cette montée en charge. En attendant, les usines tournent, les embauches s’amorcent, et les commandes s’accumulent. Le train est en marche.