Tesla ne génère pas l’ensemble de son bénéfice grâce aux ventes de ses voitures, loin de là. En effet, un tiers de son bénéfice provient de la vente à d’autres constructeurs automobiles de… crédits carbone. De quoi s’agit-il, et comment Tesla profite-t-elle de cette manne rendue possible par la règlementation européenne ?
Crédits carbone : comment Tesla gagne de l’argent sur le dos des autres constructeurs
Règlementation sur les émissions de CO2 : les crédits carbone à la rescousse
Avec l’entrée en vigueur au 1er janvier 2025 d’une nouvelle réglementation européenne sur les émissions de voitures neuves, les constructeurs automobiles doivent réduire leurs émissions moyennes de CO2 pour éviter des amendes qui pourraient atteindre 15,6 milliards d’euros. Les objectifs varient selon les constructeurs, avec une réduction de 21% exigée pour Volkswagen et Ford, et de 12% en moyenne pour d'autres. Ces contraintes poussent les constructeurs à rechercher des solutions immédiates.
La stratégie privilégiée est le « pooling » de crédits carbone avec des leaders comme Tesla. Stellantis, Toyota, Ford, Mazda et Subaru ont rejoint ce pool, réduisant leurs émissions moyennes grâce aux excédents de Tesla. En parallèle, Mercedes collabore avec Polestar et Volvo, tous deux fortement engagés dans l’électrique. Cette approche permet d’éviter des sanctions tout en adaptant leurs flottes aux nouvelles normes.
Tesla : un acteur incontournable du marché
Tesla domine ce marché grâce à sa flotte 100% électrique, générant 1,79 milliard de dollars de revenus en crédits carbone en 2023, un record. Au troisième trimestre 2024, l’entreprise a enregistré 739 millions de dollars, représentant 34% de son bénéfice net. Ces chiffres mettent en évidence la rentabilité de cette activité pour Tesla.
Cette domination repose également sur des partenariats stratégiques. Stellantis, par exemple, a dépensé plusieurs milliards pour compenser ses émissions via Tesla, dans le cadre de son objectif de neutralité carbone d’ici 2038. En Chine, Volkswagen aurait acquis des crédits pour 390 millions de dollars à travers une joint-venture locale. Cette stratégie illustre l’incapacité actuelle des constructeurs traditionnels à atteindre seuls leurs objectifs écologiques.
Les résultats financiers de Tesla, combinés à sa capacité à générer des crédits carbone excédentaires, renforcent son statut d’acteur majeur de la transition écologique. Toutefois, cela souligne également la dépendance des constructeurs traditionnels envers ces partenariats pour répondre aux exigences environnementales.