Les relations entre Pékin et Bruxelles connaissent une période de tension accrue, signe précurseur d’une crise commerciale. Au cœur de cette discordance, les subventions chinoises aux fabricants de véhicules électriques (VE) exportés vers l’Europe et la riposte envisagée par l’Union européenne pourraient avoir des répercussions inattendues, notamment sur l’industrie des spiritueux européens et le cognac.
Tensions entre l’Europe et la Chine : le cognac français dans la tourmente
L'Union européenne a récemment annoncé le début de l'enregistrement douanier de tous les véhicules électriques importés de Chine. Cette démarche, visant à imposer rétroactivement des taxes dès le début du mois de mars si les subventions chinoises sont jugées déloyales, marque une nouvelle phase dans l'enquête lancée en septembre dernier. Cette initiative répond à une augmentation de 14 % des importations de VE chinois en Europe, soulignant une compétitivité accrue susceptible de porter préjudice à l'industrie locale.
Une escalade commerciale aux répercussions multiples
En parallèle, et en guise de contre-mesure, Pékin a initié une enquête sur les eaux-de-vie européennes dès le 5 janvier, mettant spécifiquement en lumière le cognac français. Représentant 25 % des volumes et de la valeur exportés par la France, et considéré comme le deuxième marché après les États-Unis, le secteur du cognac, déjà éprouvé par des précédents conflits commerciaux, se trouve face à une incertitude grandissante. L'expérience amère de l'Australie, frappée par des droits de douane exorbitants suite à ses critiques sur la gestion de la pandémie par la Chine, sert de rappel inquiétant pour les producteurs français.
L'industrie du cognac, essentielle pour l'économie de certaines régions françaises, craint des retombées économiques sévères. Le Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC) exprime une inquiétude profonde, anticipant des sanctions douanières qui pourraient non seulement affecter les expéditions mais aussi mettre en péril des milliers d'emplois locaux. Le BNIC appelle à une intervention de haut niveau pour éviter une « mécanique infernale » susceptible d'entraver sérieusement les exportations.
Le cognac français en première ligne
Face à cette situation, la filière viticole française espère que la prochaine visite du président chinois Xi Jinping à Paris, à l'occasion du soixantième anniversaire des relations diplomatiques franco-chinoises, ouvrira la voie à une résolution favorable. Les producteurs de cognac, ressentant une certaine injustice due à la cible particulière que représente leur secteur, souhaitent ardemment que les tensions se dissipent à travers un dialogue constructif et des mesures d'apaisement.
La décision de la Commission européenne de commencer l'enregistrement douanier des importations de VE chinois, en prévision de possibles droits de douane, révèle la complexité des enjeux commerciaux entre grandes puissances. Les prochains mois seront cruciaux pour déterminer si les acteurs parviendront à éviter une escalade préjudiciable non seulement pour les industries concernées directement mais aussi pour les relations diplomatiques globales. Dans ce contexte délicat, les appels au dialogue et à la modération semblent plus nécessaires que jamais pour préserver les intérêts mutuels et maintenir une coopération économique stable.