L’application chinoise Temu, filiale de Pinduoduo, est au cœur d’une polémique en Suisse. Accusée de pratiques commerciales déloyales, la plateforme de vente en ligne fait face à une plainte déposée par l’association suisse du commerce de détail.
Fast-fashion : après la France, la Suisse attaque le chinois Temu
Les pratiques commerciales de Temu remises en question
L'association Swiss Retail Federation, représentant les détaillants suisses, a déposé une plainte contre Temu auprès du Secrétariat d'État à l'économie (Seco). Cette action fait suite à des accusations de "publicité illicite", incluant des rabais trompeurs, des prix barrés et des offres répétées en dessous du prix de revient. La Swiss Retail Federation estime que ces pratiques créent une concurrence déloyale, trompent les consommateurs et nuisent aux détaillants locaux. Selon Dagmar Jenni, directrice de l'association, il est important que le Seco prenne des mesures rapides pour clarifier la situation et garantir le respect des règles de concurrence en Suisse.
Outre les accusations de publicité illicite, Temu est également accusée de tromper les consommateurs sur la disponibilité de ses produits. La plateforme indiquerait faussement des stocks limités pour inciter à l'achat immédiat, même pour des nouveautés. Swiss Retail Federation insiste sur la nécessité pour Temu de prouver la véracité de ces affirmations. Ces pratiques, jugées contraires aux principes de concurrence loyale, ont conduit à une grosse pression sur Temu, non seulement en Suisse, mais aussi dans d'autres pays européens. D'ailleurs, Temu et son concurrent chinois Shein étaient déjà sous pression en Suisse. En mars 2024, la conseillère aux États Tiana Moser (Vert'lib/ZH) a demandé au Conseil fédéral d'agir contre ces plateformes qui vendent des produits ne respectant pas les normes légales suisses.
Une plainte déposée en France
À noter qu'on a agi aussi chez nous ! Mi-mai 2024, l'association UFC-Que Choisir a déposé une plainte auprès de l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom). Les accusations portées contre Temu incluent l'incapacité à garantir un environnement en ligne sûr et digne de confiance pour les utilisateurs. De plus, l'UFC-Que Choisir critique les interfaces trompeuses de la plateforme, conçues pour inciter les consommateurs à dépenser plus. Ces actions montrent une tendance croissante en Europe à lutter contre les pratiques commerciales jugées déloyales de Temu.
L'impact de Temu ne se limite pas à la Suisse et à la France. En Allemagne, la fédération des organisations de consommateurs (VZBV) avait déjà contraint Temu à modifier l'affichage de ses avis et réductions de prix. Ces modifications, toutefois, restent limitées au marché allemand. La Commission européenne et les autorités nationales sont appelées à intervenir pour assurer que Temu respecte les nouvelles réglementations sur les services numériques (DSA), en vigueur depuis février 2024. Ces règlements imposent aux plateformes de garantir la transparence des algorithmes et de protéger les utilisateurs contre les contenus illégaux.