Écrans : quel est le prix à payer pour nos enfants ?

Dans son nouvel ouvrage, « L’Enfant-écran, comment échapper à la pandémie numérique », la pédiatre Sylvie Dieu Osika sonne l’alarme sur les effets dévastateurs de la surexposition des jeunes enfants aux écrans numériques. Observant une augmentation alarmante des troubles du langage et du sommeil parmi ses jeunes patients, elle tire la sonnette d’alarme sur ce qu’elle qualifie de catastrophe sanitaire en devenir.

Stephanie Haerts
Par Stéphanie Haerts Publié le 31 janvier 2025 à 17h00
Écran : quel est le prix pour nos enfants ?
Écran : quel est le prix pour nos enfants ? - © Economie Matin
2Selon une étude récente, en 2022, les enfants français âgés de 1 à 6 ans passaient en moyenne deux heures par jour devant les écrans.

Écrans : un impact sur le développement précoce

Dans sa pratique quotidienne à l'hôpital Jean-Verdier de Bondy, le Dr Osika rencontre des enfants de moins de 4 ans présentant des retards importants de développement. Les symptômes incluent des troubles du sommeil, de l'alimentation, et surtout, un retard dans l'apprentissage du langage. Ces enfants, souvent envoyés par des enseignants de maternelle inquiets, montrent une incapacité à jouer ou à interagir normalement avec leurs pairs, peut-on lire sur Le Point.

Le constat est sans appel : les enfants accros aux écrans tentent de zoomer sur les images des livres, illustrant leur confusion entre le monde numérique et la réalité. Le Dr Osika souligne que ces comportements sont le résultat direct d'une immersion précoce et intensive dans le monde des écrans, souvent dès la naissance.

Un parallèle avec le scandale du tabac

Le Dr Osika n'hésite pas à comparer la crise actuelle de surexposition aux écrans avec les débuts méconnus des dangers du tabagisme. Elle argumente que, tout comme les impacts du tabac ont été sous-estimés pendant des décennies, les effets néfastes des écrans sur les jeunes enfants sont encore largement ignorés par le public et les autorités.

La pédiatre insiste sur le fait que la société doit ouvrir les yeux sur cette problématique. Selon elle, les signes avant-coureurs sont visibles partout, des restaurants aux espaces publics, où les enfants sont souvent absorbés par les dispositifs mobiles de leurs parents.

Le témoignage des enseignants

l'impact des écrans sur les enfants

Les maîtresses de petite section expriment de vives inquiétudes, voyant quotidiennement des enfants agités, incapables de se concentrer ou de suivre des instructions simples. Ce phénomène est si répandu que Dr Osika le décrit comme une « génération perdue » déjà affectée par cette addiction précoce.

Bien que considérée comme une lanceuse d'alerte, le Dr Osika fait face à des opinions divergentes au sein de la communauté médicale. Certains experts hésitent à tirer des conclusions hâtives, tandis que d'autres, comme elle, pressent pour des actions immédiates afin de limiter l'exposition des enfants aux écrans.

Quelles stratégies pour limiter l’écran ?

Il est recommandé de limiter le temps dédié aux écrans de 30 minutes par jour à 3 ans à 1 heure maximum à 6 ans. Entre 6 et 9 ans, il est recommandé de fixer à l'enfant un temps d’écran autorisé. Pour limiter efficacement le temps passé devant les écrans, de nombreux parents établissent des règles précises et cohérentes. Par exemple, Mickaëla, une petite fille de 6 ans, n'est autorisée à utiliser la tablette que le week-end, et ce pour une durée maximale d'une heure. Ses parents sélectionnent également soigneusement les contenus auxquels elle peut accéder, privilégiant les programmes qui offrent une valeur éducative et racontent une histoire compréhensible et enrichissante.

Pour éviter que les écrans ne deviennent une solution facile pour occuper les enfants, il est important de proposer des alternatives captivantes. Des livres qui s'animent sur une console interactive, par exemple, peuvent capturer l'attention des enfants tout en stimulant leur imagination et leur apprentissage de manière interactive. "Éviter pendant les repas, pour l'endormissement ou pour calmer l'enfant. Parce que malheureusement on va mettre en place des rituels assez négatifs qui vont avoir un impact sur l'alimentation, le sommeil, et la capacité de l'enfant à gérer la frustration", a déclaré Axelle Desaint, directrice d'Internet Sans Crainte dans des propos recueillis par Francetvinfo.

Bientôt une loi pour protéger les enfants ?

Le 30 avril 2024, un groupe de dix experts issus de différents secteurs, désignés en janvier par le président de la République pour étudier cette question, a présenté son rapport. Sous le titre « Enfants et écrans, à la recherche du temps perdu », le document révèle des conclusions alarmantes et propose vingt-neuf recommandations.

Parmi ces propositions figure l'interdiction de certains services numériques jugés addictogènes et nocifs pour les jeunes esprits. D'autres suggestions incluent la protection des enfants de moins de 6 ans contre les écrans et l'interdiction des téléphones portables pour les moins de 11 ans.

Une réaction ? Laissez un commentaire

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre Newsletter gratuite pour des articles captivants, du contenu exclusif et les dernières actualités.

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

Aucun commentaire à «Écrans : quel est le prix à payer pour nos enfants ?»

Laisser un commentaire

* Champs requis