Le temps de la démondialisation : «protéger les biens communs contre le libre-échange» (suite et fin)

Hier, je vous ai présenté un résumé du livre intitulé « le temps de la démondialisation ». L’analyse contenue dans ce livre est très convaincante. Elle fait apparaître la nécessité urgente de réformer tous les accords de libre-échange.

Par Bertrand de Kermel Publié le 5 février 2023 à 10h10
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Le temps de la démondialisation : «protéger les biens communs contre le libre-échange» (suite et fin) - © Economie Matin
3%La croissance mondiale devrait être supérieure à 3% en 2022.

Toutefois, la prudence impose de confronter le contenu de ce livre avec la réalité connue de la mondialisation, de façon à vérifier de manière indiscutable la pertinence de cet ouvrage. La réponse est oui.

Le modèle économique américain n'est plus sous contrôle démocratique. Tel est l’avis de l’actuel Président de la République française pour qui : « les Etats-Unis (...) ont un modèle aujourd’hui qui est complètement conduit, piloté par des grands acteurs privés et donc qui, en quelque sorte, n’est plus sous contrôle démocratique », a tancé Emmanuel Macron, lors d’une intervention au salon technologique VivaTech, en mai 2019, à Paris. Pour être bien compris, il ajoutait, « Donc il n’y a plus un gouvernement aux Etats-Unis qui peut vous garantir sur le respect de votre privée, ou de vraies politiques comme le changement climatique » ( Cf le journal « l’Opinion, du 16 mai 2019).

Il est clair que l'Europe est dans la même situation, d'autant plus que la corruption a atteint un niveau sans précédent sur l'ensemble de la planète. L’actualité de cette année 2023 nous a apporté la preuve que l’Union Européenne est également gangrenée depuis longtemps par la corruption.

Le bilan de la mondialisation est accablant. L’actuel Président de la République française, a dressé le bilan de la mondialisation à l’occasion de son discours devant devant l'Assemblée Générale des Nations Unies, le 22 septembre 2020. .https://www.pauvrete-politique.com/_files/ugd/146df5_9dd35a85ffcf4c5f8e2e1742c7dc43d0.pdf ( 3 mn de lecture). Ce bilan est accablant. Il décrit toutes les conséquences des analyses contenues dans le livre de Guillaume Vuillemey. Par exemple:

  • La mondialisation heureuse était un mensonge,
  • Les classes moyennes des pays développés ont servi de variables d’ajustement de la mondialisation, d’où le phénomène de déclassement, d’où les mouvements sociaux.
  • Les dépendances consécutives à la désindustrialisation remettent en cause la souveraineté de nos pays
  • La démocratie pourrait disparaître
  • Le creusement des inégalités est à un tel un niveau qu’il devient insoutenable et dangereux pour les équilibres sociaux et par conséquent pour la démocratie.
  • etc

Les accords d’investissement signés par l’Union Européenne sont une sorte de «guerre» déclarée à la souveraineté des peuples.

Ces accords sont systématiquement négociés avec les accords de libre-échange. Un exemple de « guerre » parmi bien d’autres : ils contiennent tous une clause dressant une liste des services publics qui sont autorisés. C’est le cas du CETA qui a été signé par l’Union Européenne en 2014.

Aucun autre service public non autorisé dans le CETA ne peut être créé par un Etat de l’Union Européenne, même ceux qui seront imaginés dans cent ans. Aucune limite n’est fixée. Comble de l’inconséquence des négociateurs : le cas de la guerre n’est même pas prévu ! 

Les peuples perdent ainsi leur droit fondamental de décider seuls de ce qui est bon pour eux.

Cette disposition a bel et bien pour objet de faire prévaloir sans retour en arrière possible le droit commercial c’est-à-dire les intérêts privés. Le droit civil est ainsi juridiquement enterré. Paix son âme.

Rappel :

Constitution française : ce qui n‘est pas interdit est autorisé.

Accords d’investissements : ce qui n’est pas autorisé est interdit.

 

Nul n’a jamais demandé leur avis aux peuples qui ignorent tout de cette politique. Comment croire que la corruption ne joue aucun rôle dans tous ces accords ?

Il existe bien d’autres dispositions dans ces accords d’investissement qui aboutissent à avantager systématiquement l’investisseur étranger par rapport à l’investisseur français, qu’il s’agisse du plombier ou d’une très grande entreprise. Ils sont tous à revoir la cave au grenier.

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Ancien directeur général d'un syndicat patronal du secteur agroalimentaire, Bertrand de Kermel est aujourd'hui Président du comité Pauvreté et politique, dont l'objet statutaire est de formuler toutes propositions pour une "politique juste et efficace, mise délibérément au service de l'Homme, à commencer par le plus démuni ". Il est l'auteur de deux livres sur la mondialisation (2000 et 2012)

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