La mise en place de 300 espaces de téléconsultations médicales dans les gares par la SNCF n’est pas dénuée de tout intérêt pour lutter contre les déserts médicaux. Certes, l’ordre des médecins se montre très réticent à cette idée, mais sa réaction semble excessive.
Téléconsultations dans les gares : remède miracle contre les déserts médicaux ?
La proposition de la SNCF rejoint en effet sur plusieurs points les recommandations de notre étude, tant concernant la mise en place de « tiers lieux » de santé que la présence d’un tiers lors de la téléconsultation.
Pourquoi un tiers lieu pour accueillir le patient ne serait-il pas une gare, lieu de passage par excellence ? Cependant, les critères énoncés dans la charte, tels que la superficie minimale des locaux, l'intimité préservée du patient, l'équipement adéquat pour les examens et les normes de désinfection, sont essentiels pour garantir la qualité des consultations à distance et assurer la confidentialité des échanges médicaux. Ces critères seront-ils respectés par la SNCF ?
L'idée d'avoir un infirmier présent physiquement et de permettre aux patients d'être examinés à distance par des médecins exerçant en France correspond au besoin, dégagé lors du projet EDeTeN, de développer la téléconsultation assistée, accompagnée, afin de permettre au plus grand nombre de patients de s’approprier cet outil. La téléconsultation en autonomie est en effet surtout utilisée par des jeunes actifs, vivant en milieu urbain et maîtrisant les outils numériques, et ne permet donc pas de lutter efficacement contre les déserts médicaux.
Deux réservent importantes pourtant face à ce projet : le risque de marchandisation de la santé et le suivi médical en région à la suite de cette consultation.
Bien que l'initiative de la SNCF puisse potentiellement offrir un accès amélioré aux soins de santé dans des zones sous-dotées, il est crucial de s'assurer que la santé reste prioritaire par rapport aux intérêts commerciaux, et que des garde-fous sont en place pour éviter toute forme de marchandisation préjudiciable.
De plus, si les médecins effectuant les consultations sont situés sur tout le territoire français, et pas seulement dans la région où a lieu la téléconsultation, la question de la coordination territoriale des soins risque de poser problème. La télémédecine doit favoriser des synergies et des rapprochements entre les acteurs médicaux locaux, ce qui est impossible avec un médecin situé à l’autre bout de la France.
En somme, si cette initiative prenait en compte les normes éthiques et les recommandations pour une pratique responsable de la télémédecine, elle pourrait représenter une option dans la lutte contre les déserts médicaux, en offrant un accès facilité à des soins médicaux de qualité dans des zones géographiquement contraintes.