Les critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) et la directive CSRD (reporting de durabilité des entreprises) ont une influence croissante sur les entreprises s’engageant dans le numérique responsable. 81%(1) des clients souhaitent que les entreprises s’investissent davantage dans les pratiques ESG, et 66%(1) sont prêts à payer plus pour des services respectant ces engagements. Les régulateurs et les pouvoirs publics augmentent les incitations, avec des financements globaux estimés à 300 milliards de dollars(2).
L’avenir des entreprises : l’importance d’associer des pratiques numériques responsables à la stratégie ESG
Pour les investisseurs, 40% des actifs mondiaux, soit 43 000 milliards de dollars(3), sont désormais gérés selon des critères de Net Zero. À l'échelle du numérique, les datacenters, responsables d'environ 3% des émissions globales de CO2(4), voient leur consommation croître de 14%(5) d'ici 2040. Le numérique responsable devient donc un pilier essentiel de la stratégie ESG des entreprises. Pour les DSI, il s'agit de mesurer l'empreinte carbone de leur infrastructure IT et de gérer cet impact environnemental. Les directeurs techniques doivent sensibiliser leurs équipes aux choix d'architecture et de plateformes durables, tandis que les ingénieurs logiciels se concentrent sur la réduction des émissions générées par leur code et l'utilisation de technologies vertes.
Il est donc impératif pour les entreprises d'intégrer le numérique responsable dans leur stratégie ESG afin d’avoir une meilleure maîtrise – et in fine réduction – de leurs émissions carbone.
Sensibiliser, collecter les données, optimiser les ressources
Pour collecter et gérer efficacement les données de consommation des équipements et services informatiques, il faut adopter une approche holistique qui combine sensibilisation du personnel et utilisation d'outils adaptés dans différents domaines tels que l’infrastructure (y compris le cloud), le développement d’applications et autres opérations gérées par le service informatique de l’entreprise.
Si l’on se penche un peu plus sur l’informatique durable, en se concentrant sur l'adoption du cloud computing et l'optimisation des opérations informatiques, les entreprises peuvent devenir plus agiles tout en intégrant des pratiques Green IT, permettant ainsi de réduire leur empreinte carbone. Cela peut, par exemple, inclure la virtualisation des serveurs qui consiste à exécuter plusieurs systèmes d'exploitation et applications sur un seul serveur physique. Cela permet de maximiser l'utilisation des ressources matérielles, réduisant ainsi le nombre de serveurs nécessaires et donc la consommation d'énergie. En consolidant les charges de travail sur moins de serveurs physiques, les entreprises peuvent réduire leur empreinte carbone tout en réalisant des économies sur les coûts d'exploitation et de maintenance. Cette intégration progressive dans les opérations et le reporting permet aux entreprises de se différencier, en démontrant leur engagement envers la durabilité.
Quid de l’impact environnemental de l'intelligence artificielle ?
Parlons maintenant IA : l'impact environnemental de cette technologie doit être évalué en prenant en compte plusieurs facteurs. D'abord, il est crucial de déterminer et différencier les applications spécifiques de l'IA, car certaines peuvent nécessiter plus de ressources que d'autres. Par exemple, l'entraînement de modèles de traitement du langage naturel consomment énormément de puissance de calcul.
Ensuite, l'empreinte environnementale directe de l'IA, c'est-à-dire la quantité d'énergie consommée par les serveurs et les datacenters pour exécuter les algorithmes, est significative. On estime que l'entraînement de grands modèles d'IA peut consommer autant d'électricité que 100 foyers en un an(6), et les datacenters mondiaux utilisent environ 200 térawattheures par an(7), soit près de 1% de la consommation mondiale d'électricité.
Enfin, les conséquences à long terme de l'utilisation de l'IA peuvent être variées et importantes. Par exemple, l'IA utilisée dans les véhicules autonomes pourrait augmenter la consommation d'énergie globale, engorger les zones urbaines au détriment des moyens de transport plus écologiques comme le vélo et le train, générer des déchets électroniques en raison de la courte durée de vie des composants technologiques et épuiser les ressources naturelles. De plus, cela pourrait nécessiter des investissements considérables dans les infrastructures routières pour supporter l'utilisation généralisée de ces véhicules.
Opter pour un usage responsable de l'IA, guidé par un framework de « responsible AI », permet de couvrir des aspects tels que la sécurité des données, la gestion des biais, et l'impact environnemental. Les entreprises ont un rôle important à jouer en matière de reconnaissance de leur impact et d’action concrète pour le réduire.
Ainsi, il est crucial d'adopter une approche responsable et équilibrée lors de l'intégration de l'IA pour s'assurer que leurs bénéfices surpassent leurs impacts négatifs potentiels sur le plan environnemental, social et in fine, commercial.
Alors que nous nous trouvons à la croisée des chemins entre progrès technologique et responsabilité environnementale, l'avenir de l'IA offre à la fois des possibilités excitantes et des défis redoutables. Le potentiel de l'IA pour révolutionner les industries, améliorer les vies et stimuler la croissance économique est immense, mais cette promesse s'accompagne de la responsabilité de réduire son impact environnemental. Les décisions que nous prenons aujourd'hui façonneront le monde de demain ; en donnant la priorité aux pratiques durables, en investissant dans les technologies vertes et en favorisant une culture d'innovation responsable, nous pouvons exploiter la puissance de l'IA sans compromettre la santé de notre planète.
Imaginons un avenir où l'IA ne se contente pas de favoriser le progrès, mais s'aligne également sur les objectifs plus larges de la protection de l'environnement et de la durabilité. Alors que nous continuons à développer et à déployer l'IA, il est essentiel de rester vigilants et proactifs dans la gestion de son empreinte environnementale, en veillant à ce que l'IA serve de force bénéfique et ouvre la voie à un avenir à la fois technologiquement avancé et écologiquement équilibré. Avec des actions réfléchies et délibérées, nous pouvons créer une coexistence harmonieuse entre l'IA et notre monde naturel.
1 Nielsen, “The sustainability imperative.”
2 “Financing for Sustainable Development Report 2021,” UN
3 “Net Zero Asset Managers initiative announces 41 new signatories, with sector seeing ‘net zero tipping point,’” Net Zero Asset Managers.
4 “4 ways airlines are planning to become carbon neutral,” World Economic Forum.
5 “Telco sector can be game-changer on sustainability, shrinking on its own, other industries’ carbon footprints,” Boston Consulting Group.
6 MIT Technology Review - Training a single AI model can emit as much carbon as five cars in their lifetimes
7 IEA - Data Centres and Data Transmission Networks