Tech et RSE : quand les consommateurs poussent les industriels à améliorer leurs pratiques

La moitié des Français se questionnent systématiquement sur l’impact négatif des produits qu’ils achètent sur la santé et/ou l’environnement. Alors qu’a jailli en décembre dernier sur TikTok une vague d’indignation face aux conditions d’extraction du cobalt en Afrique, quel impact cette prise de conscience sociétale a-t-elle sur les méthodes des industriels qui, à l’image de CMOC en RDC, s’engagent pour une production minière plus juste et plus durable ?

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Par Rédacteur Publié le 25 février 2024 à 8h00
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cbalt, rse, technologie, pollution, environnement - © Economie Matin
30000 DOLLARSUne tonne de Cobalt vaut environ 30.000 dollars.

C’est une vague d’indignation, une « tendance », comme il en éclot des dizaines par jour sur les réseaux sociaux. Début décembre sur TikTok, le réseau préféré des adolescents et jeunes adultes du monde entier, plusieurs vidéos ont fait le buzz. Des utilisateurs de la plateforme chinoise y annonçaient leur intention d’abandonner les cigarettes électroniques à usage unique – ou « puffs » –, ayant découvert que celles-ci contenaient, dans leurs batteries, une petite quantité de cobalt. Un minerai principalement extrait en République démocratique du Congo (RDC), et dont les conditions d’extractions font régulièrement l’objet de vives critiques quant à leurs effets sur l’environnement ou les populations locales. « I’m quitting vaping » (« j’arrête la vape »), a donc lancé la jeune Tiktokeuse autrice d’une vidéo vue plus de 2 millions de fois, bientôt suivie par d’autres internautes aux quatre coins de la planète.

Consommer responsable, une forte demande sociétale

S’il est impossible de savoir si cette vague d’indignation virtuelle s’est traduite par un réel mouvement d’abandon de la cigarette électronique, elle témoigne d’une grandissante prise de conscience de la responsabilité sociale et environnementale (RSE) des entreprises chez les consommateurs – même et surtout chez les plus jeunes d’entre eux. Une petite révolution sociétale que confirment, édition après édition, les enquêtes d’opinion. En 2021 déjà, plus de six Français sur dix (61%) affirmaient prendre en compte les critères de développement durable dans leurs achats et près d’un sur quatre (23%) envisageait d’arrêter d’acheter une marque qui n’en ferait pas assez pour l’environnement. Deux ans plus tard, la moitié des Français disent, d’après une enquête menée par l’ADEME en 2023, se questionner « systématiquement » sur l’impact des produits qu’ils achètent sur la santé ou l’environnement, et près de huit sur dix (78%) déclarent « agir en faveur d’une consommation durable ».

Cette montée en puissance des préoccupations sociales et environnementales s’observe en particulier dans le secteur des nouvelles technologies. Depuis plusieurs années maintenant, les consommateurs ont bien compris que leur smartphone est un objet polluant. Ainsi, près de quatre Français sur dix estiment être conscients des liens entre leur ordinateur ou leur smartphone et le changement climatique – une proportion qui monte à 70 % chez les plus jeunes. Et pour près d’un Français sur deux, le réchauffement climatique serait en grande partie dû au progrès technologique et aux nouvelles technologies. Pourtant, la pollution générée par les objets high tech demeure souvent invisible aux yeux du consommateur final. Elle a lieu en amont, lors du processus de fabrication, ou en aval, quand le smartphone ou le PC usagé est recyclé – ou pas ; et elle se loge dans certains des composants les plus miniaturisés des circuits électriques.

En RDC, CMOC s’engage pour un cobalt plus juste

Ainsi des batteries qui équipent les téléphones portables, les voitures électriques ou… les cigarettes électroniques qui hérissent tant les usagers de TikTok. Indispensables à la transition énergétique, les batteries modernes contiennent pour la plupart du cobalt, un minerai à la couleur bleue dont le cours, demande exponentielle oblige, a explosé ces dernières décennies. Or les conditions d’extraction du cobalt, dont la RDC possède les plus grandes réserves au monde, sont régulièrement pointées du doigt par des ONG de défense des droits humains ou de l’environnement. Dans ce pays d’Afrique centrale, la présence de ce minerai dans le sous-sol a engendré une véritable « ruée vers l’or bleu », donnant lieu à toutes sortes de dérives : expropriations forcées, travail des enfants, atteintes à l’environnement, mines illégales, violences, etc.

Autant d’entorses qui ternissent la réputation du secteur minier tout entier, mais aussi celle de géants de la Tech attachés à leur image de marque. Sur le terrain, le groupe CMOC, qui exploite plusieurs mines de cobalt en RDC, démultiplie ainsi les initiatives visant à améliorer l’impact de ses activités sur les populations locales : formation des professionnels de santé, stages à destination des jeunes Congolais, redistribution d’une partie des bénéfices en faveur d’un fonds social communautaire, renforcement des consignes de sécurité et du respect des droits de l’homme, plantation de plusieurs milliers d’arbres, etc. De son côté, Apple s’est, par exemple, engagé à avoir recours à 100 % de cobalt recyclé d’ici à 2025. Et Samsung vise le zéro émission nette en 2050. Autant d’engagements qui, dans leur diversité, entendent répondre à cette forte aspiration en faveur d’une consommation plus durable, plus éthique et plus responsable.

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