Le gouvernement envisage de tripler la taxe sur les billets d’avion dès 2025. Une mesure qui suscite un tollé dans le secteur aérien. Face à un prélèvement d’un milliard d’euros, les compagnies alertent sur l’impact potentiel de cette décision sur les prix des billets et la compétitivité du transport aérien français.
Taxes sur les billets d’avion : le gouvernement s’apprête à frapper fort
Un choc fiscal à venir pour le secteur aérien ?
Le projet du gouvernement, qui prévoit de tripler la taxe de solidarité sur les billets d’avion dès 2025, provoque une levée de boucliers. Elle a rapporté 460 millions d'euros en 2023, mais cette taxe pourrait atteindre un milliard d'euros par an, créant un choc fiscal sans précédent. Cette hausse coûterait directement 280 millions d’euros à Transavia et Air France en 2025, contre 140 millions en 2024. Cela représente déjà près de 30 % des dépenses annuelles des compagnies aériennes françaises. Selon Pascal de Izaguirre, PDG de Corsair et directeur de la Fédération des métiers de l'aviation (Fnam), « le transport aérien français ne peut absorber un tel choc ». La directrice générale d’Air France, Anne Rigail, partage cette inquiétude lors d'une table ronde consacrée au transport aérien en soulignant que « l’élasticité des prix n’est pas infinie ». Cette augmentation pourrait compromettre les efforts de décarbonation du secteur, puisque les compagnies devront allouer une part importante de leurs budgets à cette nouvelle taxe.
Cette taxe de solidarité, déjà en vigueur depuis 2006, est destinée à financer diverses actions comme la lutte contre le sida. Mais, en triplant son montant, le gouvernement cherche clairement à renflouer les caisses pour le budget 2025. Cependant, une telle hausse pourrait avoir des conséquences significatives sur le prix des billets d’avion. Les compagnies françaises, déjà fragilisées par la crise du Covid, n’ont pas les capacités financières pour absorber un tel coût. « L'impact serait forcément répercuté sur les prix des billets », confirme Pascal de Izaguirre. Selon des calculs réalisés par Les Echos, la taxe pour un vol long-courrier en classe affaire pourrait grimper de 63 à 200 euros, et de 7,51 à 60 euros pour un trajet de plus de 5 000 kilomètres en classe économique. Il est important de noter que cette mesure s'appliquera à tous les vols au départ de la France, impactant ainsi les compagnies étrangères également.
Hausse des taxes : la crainte d’une perte de compétitivité
Outre l’impact direct sur les passagers, cette mesure pourrait affecter la compétitivité des compagnies aériennes françaises. Le transport aérien en France, qui dessert déjà moins de destinations qu’avant la pandémie, pourrait voir sa position concurrentielle s’affaiblir face aux compagnies low-cost européennes. Une augmentation de 10 % de la connectivité aérienne se traduit par une hausse de 0,5 % du PIB, selon le directeur de l'ACI Europe, Olivier Jankovec. Ainsi, plutôt que de taxer davantage, certains pays comme la Suède et l'Irlande ont opté pour une réduction des taxes pour relancer leur économie.
Le gouvernement français cherche des sources de financement pour son budget 2025, et le secteur aérien semble être dans le viseur. Mais la directrice générale d’Air France met en garde : « Plus on augmente les taxes, plus nous aurons du mal à financer la décarbonation, si ces taxes ne sont pas destinées à cette décarbonation. »