Conçue pour soutenir la création musicale française, la taxe streaming est entrée en vigueur en janvier 2024. Ce dispositif fiscal impose aux plateformes de streaming audio et vidéo un prélèvement de 1,2 % de leur chiffre d’affaires réalisé en France. Cependant, les premiers résultats sont décevants. En dépit des prévisions optimistes du gouvernement, les recettes générées sont bien inférieures aux attentes.
La taxe streaming a coûté près de 10 millions aux Français
La taxe streaming devait rapporter 15 millions d’euros
L’instauration de cette taxe s’inscrit dans une volonté de renforcer le financement de la culture française, en particulier de la musique. L’objectif initial de cette contribution est de fournir des fonds supplémentaires pour des projets musicaux, contribuant ainsi à l’épanouissement de la création artistique en France. Jean-Philippe Thiellay, président du Centre National de la Musique (CNM) – principal bénéficiaire de la taxe – avait annoncé fin 2023 que cette nouvelle source de financement pourrait rapporter 15 millions d’euros en 2024.
Malgré ces ambitions, le premier bilan financier de la taxe streaming est alarmant. Selon les données communiquées par le CNM et le gouvernement, la taxe n’a généré que 9,3 millions d’euros, soit 38% de moins que prévu. Jean-Philippe Thiellay attribue cette contre-performance à plusieurs facteurs :
Un démarrage lent : Les versements ont été initialement faibles, ce qui a retardé l’atteinte de l’objectif. Plusieurs plateformes ont eu du mal à intégrer cette nouvelle imposition dans leur budget.
Plafond de chiffre d’affaires : La taxe ne concerne que les plateformes ayant un chiffre d’affaires supérieur à 20 millions d’euros en France. De ce fait, certaines entreprises ont pris du temps pour atteindre ce seuil, retardant leur contribution.
Absence de publication officielle : En l'absence de publication rapide de la mesure au Bulletin officiel, certaines plateformes ont exploité cette lacune pour repousser leurs paiements.
Détails financiers de la taxe streaming | Prévisions initiales (2024) | Réalisations effectives (2024) | Écart (%) |
---|---|---|---|
Montant attendu | 15 millions d’euros | 9,3 millions d’euros | -38 % |
Taxe streaming : des bénéfices tangibles pour la création musicale ?
Malgré des recettes inférieures aux attentes, les fonds collectés ont été directement réinjectés dans le financement d’artistes et de projets culturels. Selon Thiellay, cette taxe a permis de soutenir des projets qui, autrement, n’auraient pas vu le jour. Des artistes tels qu’Anne Pacéo, batteuse de jazz, ou encore des chanteurs comme Julien Doré et Barbara Pravi, ont bénéficié de financements pour la réalisation de clips et de nouveaux projets. Des fonds ont également été alloués pour promouvoir des artistes francophones à l’international, tels qu’Indila, Pomme et Zaho de Sagazan. Ces artistes rencontrent un succès croissant à l’étranger, contribuant ainsi au rayonnement culturel de la France.
Les plateformes de streaming n’apprécient guère la taxe
Le secteur du streaming, et notamment des entreprises comme Spotify, a critiqué cette taxe dès son annonce. Cette nouvelle charge fiscale a été perçue comme un frein à l'expansion du marché et un obstacle financier pour les plateformes. Spotify a réagi en augmentant les tarifs de ses abonnements en France, impactant ainsi directement ses utilisateurs. Pour Jean-Philippe Thiellay, cette taxe est pourtant essentielle. Il reste optimiste quant aux perspectives pour 2025, indiquant que l’objectif initial de 15 millions d’euros pourrait être atteint lorsque les plateformes auront intégré le « rythme de croisière » des versements.
La mise en œuvre de cette taxe a été marquée par plusieurs embûches. Certaines plateformes de streaming ont profité du flou réglementaire initial pour retarder leurs paiements. Au point que le CNM a demandé un renforcement du suivi fiscal pour garantir une collecte régulière et complète des contributions.
Tableau récapitulatif des principales plateformes impactées par la taxe
Plateforme | Réaction | Mesures prises |
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Spotify | Hausse des abonnements en France | Répercussion de la taxe sur les utilisateurs finaux |
Apple Music | Aucune réaction publique spécifique | Pas de hausse de prix annoncée |
Deezer | Soutien partiel à la taxe | Préoccupations sur la pérennité de l’impact financier |
YouTube Music | Contribution retardée | Nécessité de clarification sur les modalités de paiement |