La taxation des milliardaires est devenue un sujet central des discussions économiques mondiales. Alors que les inégalités de richesse continuent de croître, des voix s’élèvent pour demander une fiscalité plus équitable. Un projet de taxe mondiale sur les milliardaires, soutenu par plusieurs pays, vise à instaurer une imposition de 2 % sur les grandes fortunes.
Taxation des milliardaires : ça avance !
Ce projet, promu notamment par l'économiste Gabriel Zucman, pourrait rapporter entre 200 et 250 milliards de dollars par an. Et doucement, mais sûrement, l’idée fait son chemin, en particulier au G20 qui se déroule au Brésil en cette fin de mois de juin 2024.
Les milliardaires et les inégalités dans la taxation
Gabriel Zucman, mandaté par le Brésil pour le G20, a remis le 25 juin 2024 un rapport de 50 pages sur la taxation des milliardaires. Ce rapport met en lumière une inégalité fiscale majeure : actuellement, les milliardaires payent en moyenne 0,3 % de leur patrimoine en impôts. Cette disparité est en partie due aux systèmes fiscaux qui taxent davantage les revenus que le patrimoine. En conséquence, la richesse du 0,0001 % des ménages les plus aisés est passée de 3 % du PIB mondial en 1987 à près de 14 % aujourd'hui.
Le rapport de Gabriel Zucman propose une taxe de 2 % sur le patrimoine des quelque 3 000 milliardaires dans le monde. Cette mesure pourrait générer entre 200 et 250 milliards de dollars de revenus fiscaux supplémentaires chaque année. En élargissant cette taxe aux personnes dont la fortune oscille entre 100 millions de dollars et 1 milliard, on pourrait récolter entre 100 et 140 milliards de dollars de plus par an. « Tous les pays du G20 devraient soutenir les efforts du Brésil pour conclure le tout premier accord mondial visant à taxer les très riches. Nous saluons le rapport Zucman qui apporte une contribution essentielle à la réparation d’un système qui permet aux ultra-riches d’éviter l’impôt et non seulement d’accumuler et de protéger des quantités astronomiques de richesse et de revenus – mais aussi de les cacher aux gouvernements », a déclaré, de son côté, Amitabh Behar, directeur exécutif d’Oxfam International.
Les Etats-Unis font de la résistance
Ce projet est déjà soutenu par des pays comme le Brésil, la France, l'Espagne et l'Afrique du Sud. En revanche, les États-Unis, sous l'administration Biden, restent prudents et opposés à une redistribution internationale des revenus fiscaux. Les débats politiques s'annoncent longs et complexes, malgré un soutien public croissant pour une taxation des plus riches.
La moitié des fortunes des milliardaires est constituée d'actions de sociétés cotées en bourse, facilement identifiables par les administrations fiscales. L'autre moitié est plus difficile à évaluer car elle comprend des actions de sociétés privées non cotées, ainsi que des actifs comme des yachts et des œuvres d'art, bien que ces derniers représentent une part infime de leur richesse.
Selon Garbiel Zucman, le rendement moyen des patrimoines des très fortunés a atteint 7,5% par an sur les 40 dernières années. Une taxe de 2% ramènerait ce rendement à 5,5%, un impact limité. L'objectif est de réduire le privilège fiscal dont bénéficient les très riches et de financer des projets globaux, notamment la transition énergétique dans les pays en développement. « Tout accord mondial visant à taxer les très riches doit être suffisamment substantiel et ambitieux pour réduire les inégalités. Par exemple, un impôt annuel sur la fortune nette de plus de 8 % serait nécessaire pour réduire la richesse des milliardaires », affirme de son côté Oxfam qui plaide donc pour une taxation quatre fois supérieure à celle prévue.
L’évasion fiscale va-t-elle mettre des bâtons dans les roues de la taxation des milliardaires ?
Instaurer cette taxe présente plusieurs défis. Il faudra notamment s'assurer de la coopération internationale et de la conformité des très riches, souvent adeptes de stratégies d'évasion fiscale. De plus, la résistance politique et économique de certains pays pourrait ralentir ou même bloquer la mise en œuvre de cette mesure. « Le rapport de Zucman envoie un message clair aux ultra-riches : « votre richesse et votre pouvoir ne peuvent plus vous empêcher de payer votre juste part » », estime Oxfam.