En France, 75 000 décès par an sont liés au tabac. Alors que diverses mesures ont été prises pour endiguer ce fléau, l’augmentation du prix du tabac est-elle vraiment la solution miracle dans cette guerre contre la cigarette ?
Tabac : les prix augmentent, la consommation ne ralentit plus
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Published on 22 octobre 2023 11h30
L'influence du coût sur la consommation
Tout repose sur une simple loi économique : la loi de la demande. Selon cette dernière, la demande d'un produit diminue à mesure que son prix augmente. L'État, ayant la mainmise sur la tarification du tabac, n'a pas hésité à l'utiliser comme un levier de dissuasion. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : depuis 2000, le prix du tabac a grimpé de 270 % en France. De plus, mai 2023 a vu le coût du paquet de cigarettes grimper encore, atteignant 11 € pour de nombreuses marques.
Cette stratégie s'est avérée efficace jusqu'à un certain point. Les mots de Santé publique France en 2003 sont sans équivoque : « Accroître le prix du tabac est une mesure de santé publique efficace ». La motivation est claire : dissuader les nouveaux consommateurs et encourager les fumeurs actuels à abandonner cette habitude. D'ailleurs, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a renchéri en 2023, affirmant que les taxes sur le tabac sont particulièrement dissuasives pour les jeunes et les personnes à faible revenu. Les statistiques le confirment : les ventes de tabac ont chuté de plus de 50 % en vingt ans.
L'efficacité des taxes sur le tabac en quesiton
Si la stratégie a initialement porté ses fruits, avec une chute notable des ventes en 2003 et 2004, la décroissance a par la suite été moins prononcée. Pourquoi ce ralentissement ? Tout tient en un mot : élasticité. Cette notion économique renvoie à la sensibilité des consommateurs face aux variations de prix. Malheureusement, le tabagisme étant une addiction, cette sensibilité est amoindrie. Les consommateurs continuent d'acheter même si le coût augmente. L'OMS a ainsi calculé qu'une hausse des prix de 10 % ne réduirait la consommation que de 4 %.
Les critiques se font entendre. Un rapport de la Cour des comptes de 2016 pointe du doigt une certaine frilosité de la part des gouvernements français. En effet, les augmentations de prix ont souvent été timides, ne dépassant pas le seuil de 10 % jugé nécessaire pour provoquer une véritable diminution de la consommation.
En somme, l'augmentation du prix du tabac est certes un levier puissant dans la lutte contre le tabagisme, mais elle ne doit pas être la seule stratégie mise en œuvre. Une approche globale, associant sensibilisation, prévention et aide à l'arrêt du tabac, semble être la voie à suivre pour un monde moins enfumé.