Tabac : un commerce toujours très rentable pour les buralistes

Malgré les mesures anti-tabac et la hausse des prix des cigarettes, la vente de tabac reste une activité extrêmement lucrative pour les buralistes en France. Selon un rapport de l’Alliance contre le tabac (ACT) publié le 3 octobre 2024, leurs gains ont dépassé les 2 milliards d’euros en 2023. Focus sur un business qui, malgré les apparences, prospère encore largement.

Grégoire Hernandez
By Grégoire Hernandez Published on 4 octobre 2024 10h00
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Tabac : un commerce toujours très rentable pour les buralistes - © Economie Matin
13 EUROSEn 2024, le prix des paquets de cigarettes a grimpé jusqu'à 1,50 euro supplémentaire, et devrait continuer d’augmenter jusqu'à atteindre 13 euros d’ici à 2027.

Les buralistes sont les grands gagnants de la hausse des prix du tabac

En 2023, les gains des buralistes ont atteint plus de 2 milliards d'euros. Selon l'ACT, un buraliste percevait en moyenne 90 000 euros de gains avant impôt, soit trois fois plus qu’en 2007 ! Cette progression s'explique principalement par l'augmentation régulière des prix des produits du tabac. En effet, chaque hausse des taxes est répercutée sur les tarifs, augmentant ainsi mécaniquement les revenus des débitants. La loi de financement de la Sécurité sociale pour 2023 a renforcé ce phénomène, en liant désormais la fiscalité du tabac à l'inflation de l'année précédente. Résultat : en 2024, le prix des paquets de cigarettes a grimpé jusqu'à 1,50 euro supplémentaire, et devrait continuer d’augmenter jusqu'à atteindre 13 euros d’ici à 2027.

En parallèle de ces revenus, les buralistes bénéficient de subventions publiques importantes. Depuis 20 ans, ils ont perçu plus de 4,4 milliards d’euros d’aides, soit environ 190 millions d’euros par an. Destinées initialement à compenser la baisse du marché du tabac face à l'augmentation des prix et à la concurrence des pays limitrophes, ces aides sont aujourd’hui remises en question. La Cour des comptes qualifiait en 2017 ces subventions d'« excessives » et « sans fondement économique ». Selon Loïc Josseran, président de l'ACT, « la profession n’est pas en difficulté, loin de là ». La pérennisation de ces aides semble de plus en plus difficile à justifier alors que la vente de tabac reste très rentable.

La prévention du tabagisme pas au niveau ?

L’ACT pointe également du doigt l'image des buralistes dans l'opinion publique. Loin d’être de simples commerçants locaux, ils seraient un « puissant lobby », défenseur de l'industrie du tabac. L’association estime qu’ils cherchent à freiner les politiques de lutte contre le tabagisme afin de préserver leurs profits. La profession est d’ailleurs classée comme la « 4ᵉ la plus rémunératrice parmi les 77 professions des très petites entreprises du commerce et de l’artisanat en France » par la Cour des comptes. De plus, selon l’ACT, environ « deux tiers » des buralistes ne respecteraient pas l’interdiction de vente aux mineurs, pas idéal dans leur soi-disant rôle de prévention du tabagisme.

Le président de la Confédération des buralistes, Philippe Coy, défend sa profession face aux accusations, estimant « dangereux de faire un amalgame entre argent, recettes, aides publiques et prévention ». Pourtant, la forte rentabilité du tabac pour les buralistes pose question. La hausse des prix, censée réduire la consommation de tabac, semble avoir un effet paradoxal : compenser la baisse des ventes par des revenus plus élevés pour les buralistes.

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Grégoire Hernandez

Étudiant en école de journalisme. Journaliste chez Économie Matin depuis septembre 2023.

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