Automobile : explosion des ventes des SUV, un frein environnemental ?

Le marché automobile est bousculé. D’un côté, les voitures électriques émergent comme des champions de l’environnement, promettant une réduction significative des émissions de gaz à effet de serre. De l’autre, l’ascension fulgurante des SUV à gros moteurs à essence ralentit les avancées écologiques. C’est ce qu’a mis en évidence l’ONG Greenpeace dans un rapport, à quelques jours de la COP28 sur le climat à Dubaï.

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Par Grégoire Hernandez Publié le 29 novembre 2023 à 15h50
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Automobile : explosion des ventes des SUV, un frein environnemental ? - © Economie Matin
45 %En 2022, les SUV comptaient pour 45% des ventes mondiales.

Les SUV représentent une part significative des ventes de véhicules neufs

Les SUV (Sport Utility Vehicles), ont connu une ascension fulgurante dans le monde de l'automobile, devenant l'une des voitures les plus populaires sur le marché. Connus pour leur taille imposante, leur aspect robuste et leur position de conduite surélevée, ils ont séduit un large éventail de consommateurs, des familles aux professionnels, en passant par les aventuriers urbains. Selon les données récentes de Greenpeace, les SUV représentent une part significative des ventes de véhicules neufs. En 2022, ils comptaient pour 45 % des ventes mondiales et 38 % dans l'Union européenne, une augmentation notable par rapport aux années précédentes. Cette tendance est observée non seulement en Europe, mais aussi dans des marchés clés comme la Chine, où près d'un automobiliste sur deux conduit un SUV.

Capables de s'adapter à divers environnements, des rues urbaines aux chemins de campagne, les SUV sont appréciés pour leur polyvalence. Ils sont perçus comme des véhicules adaptés à de multiples usages, de la conduite quotidienne aux escapades du week-end. En France, au premier semestre 2023, 413 966 personnes ont achetés des SUV selon une étude de Greenpeace. C'est une progression de 17,6 % par rapport à la même période de 2022. Les SUV en circulation dans le monde sont passés de moins de 50 millions d’exemplaires en 2010 à 330 millions en 2022 !
L'ONG indique qu'Hyundai-Kia, Volkswagen et Toyota vendent le plus de SUV, mais annule dans le même temps les gains climatiques provenant de... leurs voitures électriques !

Fabriquer une voiture électrique : pas bon pour l'environnement

L'extraction de lithium, de cobalt et d'autres minéraux nécessaires aux batteries des véhicules électriques a des conséquences environnementales et sociales. Ces processus peuvent entraîner la dégradation des écosystèmes, la pollution de l'eau et des sols, et des impacts sur les communautés locales. La fabrication d'une voiture électrique génère plus d'émissions de CO2 que celle d'un véhicule conventionnel, principalement en raison de la production de la batterie. Cela signifie qu'une voiture électrique commence sa vie avec un "déficit" en termes d'émissions de GES. Malgré le coût initial en termes d'émissions, les véhicules électriques peuvent compenser leur impact environnemental au fil du temps. Selon diverses études, une voiture électrique doit parcourir entre 60 000 et 100 000 km pour que ses émissions totales deviennent inférieures à celles d'un véhicule thermique équivalent. Ce point d'équilibre dépend de plusieurs facteurs, notamment le mode de production de l'électricité utilisée pour charger les batteries.

L'émergence des SUV électriques

Alors que les voitures électriques gagnent en popularité, l'augmentation massive des ventes de SUV à gros moteurs à essence ont un impact environnemental considérable. Les SUV, en particulier ceux équipés de gros moteurs à essence, émettent significativement plus de CO2 et d'autres polluants que les voitures plus petites. Leur poids et leur moins bonne aérodynamique contribuent à une consommation de carburant et à des émissions plus élevées. Malgré la prise de conscience environnementale, les SUV continuent de gagner en popularité. Cela entraîne une augmentation globale des émissions de GES, même avec les véhicules électriques qui deviennent plus courants. Les gains environnementaux réalisés sont annulés par l'empreinte carbone plus importante des SUV. En 2021, les SUV ont émis plus de 900 millions de tonnes de CO2 sur la route, toujours selon le rapport de Greenpeace.

Une nouvelle catégorie de véhicules gagne du terrain : les SUV électriques. Ces véhicules combinent la popularité des SUV traditionnels avec la motorisation électrique censée être plus écologique. Les SUV électriques nécessitent des batteries plus grandes et plus lourdes. Cela augmente non seulement la consommation d'énergie mais aussi les émissions associées à la production de ces batteries. Bien que les SUV électriques n'émettent pas de CO2 lors de leur utilisation, leur bilan carbone global peut être plus élevé que celui des véhicules électriques plus petits. La production accrue d'acier et d'autres matériaux nécessaires à leur construction contribue à une empreinte environnementale plus importante. L'attrait des SUV électriques ne cesse de croître, offrant aux consommateurs une option qui semble allier luxe, espace et conscience écologique. Cependant, ils pourraient annuler les bénéfices environnementaux avec les voitures électriques.

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Étudiant en école de journalisme. Journaliste chez Économie Matin depuis septembre 2023.

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