À partir de ce vendredi, la Chine exige des importateurs de brandy européen, majoritairement du cognac, de déposer une caution auprès des douanes. Cette décision s’inscrit dans une escalade des tensions commerciales avec l’Union européenne, après la décision de Bruxelles de maintenir des taxes sur les véhicules électriques chinois.
Surtaxes sur les voitures électriques chinoises : le cognac va trinquer
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Publié le 9 octobre 2024 à 12h00
22%Les ventes de cognac ont chuté de 22% en 2023.
Les tensions commerciales entre la Chine et l’Union européenne se durcissent. À partir du 11 octobre, la Chine imposera une nouvelle obligation aux importateurs de brandy, incluant le cognac qui représente 95% des exportations européennes de cette catégorie d'alcool vers le pays asiatique.
La réponse de la Chine face aux taxes européennes sur les véhicules électriques
Ces importateurs devront désormais déposer une caution aux douanes chinoises. Selon le ministère du Commerce du pays, ce dépôt de garantie serait exigé en attendant une décision finale sur d’éventuelles surtaxes douanières. Celles-ci pourraient être mises en place si Pékin confirme ses accusations de dumping à l’encontre des producteurs européens de spiritueux.
Ce développement fait suite à une enquête initiée par la Chine en janvier dernier, qui a abouti à la conclusion que les importations de brandy européen bénéficiaient d’avantages déloyaux. Toutefois, la Chine n’a pas encore pris de décision quant à l’application effective de droits de douane. Pékin maintient pour l'instant la pression en suspendant l'annonce de nouvelles taxes tout en avertissant que des mesures pourraient être appliquées ultérieurement.
Les répercussions se sont rapidement fait sentir. Sur les marchés financiers, les titres des grands producteurs de spiritueux français, comme Rémy Cointreau et Pernod Ricard, ont subi des baisses notables. Rémy Cointreau, particulièrement exposé à cette situation, a vu son action chuter de plus de 6% à la Bourse de Paris, tandis que Pernod Ricard a reculé de 3%.
Le secteur du cognac français en première ligne
Cette mesure n’est pas un coup isolé. Elle s’inscrit dans une dynamique de représailles commerciales après la décision de l’Union européenne d’imposer des droits de douane supplémentaires sur les véhicules électriques chinois. Bruxelles a en effet décidé, fin septembre, de maintenir une taxe pouvant atteindre 35% sur ces importations. Ces taxes s’ajouteront à un prélèvement déjà en place de 10%, dans le but de protéger l'industrie automobile européenne, qui compte plus de 14 millions d’emplois.
Cette décision européenne a suscité la colère de Pékin. Le gouvernement chinois a dénoncé des « pratiques injustes et déraisonnables » et s’est engagé à défendre les intérêts de ses entreprises. Ce bras de fer commercial inquiète de plus en plus les acteurs économiques européens, qui redoutent une véritable guerre commerciale. Certains pays membres de l’Union, comme l’Allemagne, se sont d’ailleurs opposés à ces nouvelles taxes, mais ils n’ont pas réussi à bloquer la décision.
La filière française du cognac, très dépendante des exportations vers la Chine, se trouve aujourd'hui en première ligne. Pour Raphaël Delpech, directeur général du Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC), cette annonce chinoise est un « signal supplémentaire » que des taxes pourraient suivre. « On va déjà devoir sortir de l'argent pour la caution », a-t-il déclaré, soulignant que certaines grandes maisons de cognac, qui disposent de filiales en Chine, seraient particulièrement affectées par cette mesure.
Le marché chinois représente un enjeu crucial pour les producteurs de cognac. En valeur, il absorbe un quart des exportations du spiritueux charentais et génère jusqu'à 60% du chiffre d'affaires pour certaines maisons. Déjà en difficulté avec une chute des ventes de 22% en 2023, la filière fait face à un défi supplémentaire alors qu'elle a déjà réduit les surfaces de nouvelles plantations pour répondre à la baisse de la demande.