L’année 2024 a marqué une nouvelle étape dans l’évolution du surendettement en France. Derrière les chiffres, une réalité économique inquiétante s’impose, révélant des défis majeurs pour les ménages et les institutions financières.
Surendettement : la situation à encore empiré en 2024 !
Le surendettement est le symptôme d’une crise économique qui s’intensifie. En 2024, selon les données de la Banque de France publiées le 14 janvier 2025, le nombre de dossiers déposés pour surendettement a augmenté de 10,8 % par rapport à l’année 2023. Ces chiffres, inférieurs à ceux d’avant la pandémie, traduisent une réalité inquiétante.Cette progression illustre en réalité une fragilité financière qui persiste dans une société où les ménages peinent à maintenir leur équilibre budgétaire.
Plus de 130.000 dossiers de surendettement déposés en 2024
Les 134 803 dossiers déposés au cours de l’année incarnent des vies bouleversées par des choix économiques limités et une pression financière qui continue de grimper. Certes, cette augmentation s’inscrit dans un contexte de rattrapage post-pandémie, mais elle dévoile une situation qui se dégrade inexorablement. L’inflation persistante, couplée à une hausse des taux d’intérêt, a multiplié les cas d’insolvabilité. Les ménages, déjà affaiblis par des années de crise économique, voient leurs ressources se contracter tandis que leurs dettes s’alourdissent.
La progression marquée au premier semestre 2024, atteignant 12,6 %, montre que la situation ne relève pas seulement de circonstances passagères. Bien que cette hausse ait ralenti à 9 % au second semestre, cette décélération n’a pas suffi à enrayer la spirale négative. Les chiffres traduisent une tendance structurelle préoccupante : les familles françaises sont désormais piégées dans une double contrainte d’augmentation des charges fixes et de diminution du pouvoir d’achat.
Crédit : des indicateurs financiers révélateurs d’une crise latente
L’évolution des inscriptions au FICP (Fichier national des incidents de remboursement des crédits) reflète également l’ampleur de la crise. Avec une augmentation de 3,1 % en 2024, le fichier enregistre un nombre croissant de ménages incapables de faire face à leurs engagements financiers. La hausse particulièrement marquée des inscriptions pour raisons de surendettement, à hauteur de 10,8 %, souligne que ce phénomène s’étend bien au-delà de cas isolés.
Dans le même temps, les inscriptions au FCC (Fichier central des chèques) ont reculé de 10,9 %, un chiffre qui, loin d’être rassurant, révèle surtout une diminution de l’utilisation des chèques par des ménages qui se détournent de ce mode de paiement.
Surendettement : Un accompagnement insuffisant malgré les efforts
Face à cette crise, la Banque de France a intensifié ses actions d’accompagnement. Plus de 1,9 million de Français ont sollicité ses services en 2024, une augmentation de 6,8 % par rapport à 2023. Ces chiffres montrent une prise de conscience accrue des dispositifs d’aide disponibles. Cependant, cette progression soulève également des inquiétudes : si autant de personnes se tournent vers la Banque de France, c’est que la précarité s’étend à une part de plus en plus importante de la population française. L’accompagnement proposé, fondamental, peine à endiguer un phénomène qui semble s’enraciner.
En réalité, les mesures actuelles, bien qu’importantes, apparaissent insuffisantes face à l’ampleur de la crise. L’éducation financière et l’aide à la gestion budgétaire, pourtant renforcées, ne peuvent compenser les effets d’une économie où l’inflation et l’endettement s’accumulent de manière incontrôlable.
Une fracture économique et sociale qui se creuse
L’évolution des chiffres de 2024 ne peut être interprétée comme un simple phénomène conjoncturel. Elle met en lumière une fracture croissante entre les ménages capables de s’adapter aux turbulences économiques et ceux qui en subissent pleinement les effets. Les foyers les plus modestes, souvent sans épargne de précaution, sont les premières victimes de cette situation. Loin de se limiter à des difficultés ponctuelles, leur situation reflète une précarisation progressive alimentée par des choix économiques nationaux et internationaux. Cette fracture, si elle n’est pas rapidement comblée, risque de saper les fondements mêmes de la cohésion sociale.
Surendettement : les statistiques de la Banque de France pour l'année 2024 :
Indicateur | Niveau Décembre 2024 | Cumul Annuel 2024 | Évolution Année 2024 vs 2023 |
---|---|---|---|
Dossiers de surendettement déposés | 10 615 | 134 803 | +10,8 % |
Inscriptions au FICP (total) | 77 051 | 908 636 | +3,1 % |
- Pour raison de surendettement | 6 569 | 83 204 | +10,8 % |
- Pour incidents de paiement | 70 728 | 827 879 | +2,4 % |
Inscriptions au FCC (total) | 48 636 | 695 184 | -10,9 % |
- Pour incidents sur chèques | 42 869 | 617 157 | -10,0 % |
- Pour retraits de carte bancaire | 6 056 | 82 215 | -17,3 % |
Nombre de désignations de droit au compte | 2 148 | 29 295 | -3,2 % |
Personnes accompagnées par la Banque de France | 148 337 | 1 980 845 | +6,8 % |
Légende des termes :
- Dossiers de surendettement déposés : Nombre de cas où des ménages ont sollicité une procédure de traitement de surendettement.
- FICP : Fichier national des incidents de remboursement des crédits aux particuliers, enregistrant les défauts de paiement ou surendettements déclarés.
- FCC : Fichier central des chèques, recensant les incidents liés aux chèques ou à l’usage des cartes bancaires.
- Droit au compte : Procédure permettant aux personnes sans compte bancaire d’en ouvrir un via une désignation par la Banque de France.